Le syndicat des enseignants du primaire en Ontario demande aux conseils scolaires de renommer toutes les écoles «John-A.-Macdonald» de la province.

La Fédération des enseignantes et des enseignants de l'élémentaire de l'Ontario a recommandé ce déboulonnage dans une résolution adoptée la semaine dernière, lors de son assemblée annuelle. Le syndicat soutient que John A. Macdonald, le tout premier chef de gouvernement de la fédération canadienne, il y a 150 ans, a été l'«architecte du génocide perpétré contre les Autochtones».

Le conservateur John A. Macdonald était premier ministre lorsque le gouvernement canadien a approuvé la création des premiers pensionnats pour Autochtones. Dans son rapport déposé en 2015, la Commission de vérité et réconciliation du Canada a qualifié de «génocide culturel» ce programme de pensionnats, destiné avant tout à assimiler les enfants autochtones.

Felipe Pareja, l'enseignant qui a proposé la résolution, soutient que le débat a été animé, mais que le résultat du vote a été clair. M. Pareja, qui enseigne le français au Conseil scolaire de Peel, estime que John A. Macdonald a joué un rôle dans l'adoption de la Loi sur les Indiens et dans la dépossession des terres autochtones lors de la construction du chemin de fer national.

Il croit que ces aspects «plus sombres» du premier ministre conservateur doivent être abordés franchement, surtout dans un contexte de vérité et de réconciliation. M. Pareja soutient aussi qu'il serait difficile pour un élève autochtone de fréquenter une école qui porte le nom d'un des complices du génocide de ses ancêtres.

L'an dernier, une semblable résolution du même syndicat avait poussé l'école secondaire Chinguacousy, de Brampton, à renommer ses équipes sportives, les «Chiefs».

Le mois dernier, des associations étudiantes de l'Université Ryerson, au centre-ville de Toronto, ont demandé à l'administration de changer le nom de cette institution. Egerton Ryerson, pionnier de l'instruction publique en Ontario, aurait aussi, selon plusieurs chercheurs, contribué, par ses thèses sur l'éducation des Autochtones, à élaborer les grandes lignes de la politique qui a mené à la création des pensionnats fédéraux.

En juin, le gouvernement fédéral a annoncé qu'il «débaptisait» l'édifice Langevin, qui abrite le cabinet du premier ministre à Ottawa. Le député conservateur québécois Hector-Louis Langevin, l'un des «pères de la Confédération», est aussi considéré comme l'un des «pères des pensionnats»: il avait plaidé pour la création d'écoles séparées devant accueillir - et assimiler - les petits Autochtones.