Le Québec compte plus de 4 millions de cyclistes, mais s'il est aisé de trouver un mécanicien pour faire réparer son automobile, il peut s'avérer plus difficile de trouver de la main-d'oeuvre qualifiée pour s'occuper d'une bicyclette.

De concert avec des entreprises qui font de la mécanique de vélos, la Commission scolaire de Montréal (CSDM) souhaite donc créer une attestation d'études professionnelle (AEP) qui permettrait de former plus de mécaniciens qualifiés.

Une demande formelle en ce sens a été faite au ministre de l'Éducation, qui a accordé à la fin de juin une subvention de 20 000 $ à la CSDM pour faire une « analyse de profession ». Celle-ci doit permettre de statuer sur la pertinence de mettre sur pied une telle formation.

Le manque de techniciens qualifiés au Québec est réel, dit Sasha Bastien, propriétaire de Cycle B, atelier de vélos mobile. « J'ai travaillé pendant 20 ans en boutique et j'ai été chargé d'engager énormément de personnes », dit-il.

« On se retrouve avec une main-d'oeuvre qui a appris sur le tas, il n'y a pas vraiment de formations offertes. Ou elles ne sont pas adéquates, ce sont des ateliers de fin de semaine. »

L'idée d'élargir la formation des techniciens est venue de Pierre-Luc Langlois, directeur général de l'organisme Cyclochrome, qui fait notamment l'entretien des BIXI et des vélos utilisés par les patrouilleurs du Service de police de la Ville de Montréal.

« Ça fait plusieurs années que j'y pense et que j'y crois. C'est nécessaire pour l'industrie, il y a un manque constant de mécaniciens dans les entreprises. Ce qu'on veut, c'est former des mécaniciens pour les différentes boutiques », dit-il.

L'entreprise d'économie sociale Cyclochrome offre depuis près de 10 ans une formation semi-spécialisée d'aide mécanique en vélo, qui s'adresse aux jeunes du secondaire, dans le but de les « raccrocher au système d'éducation ».

Jusqu'à 600 heures de cours

La formation demandée par la CSDM pourrait quant à elle aller plus loin et proposer jusqu'à 600 heures de cours. « Dans une boutique de vélo, ça peut prendre plus d'un an pour avoir un technicien fonctionnel, autonome. On a besoin de mécaniciens qui connaissent un éventail de pièces, de compatibilité. C'est assez complexe », dit Pierre-Luc Langlois.

Le président de Cycles Quilicot, qui compte cinq magasins au Québec, croit pour sa part qu'une telle formation permettrait de valoriser la profession. « C'était historiquement un métier plus saisonnier, mais maintenant, dans les grandes boutiques, c'est un travail à l'année. Ce sont des gens qui travaillent avec de la haute précision, de l'électronique et qui jouent avec la sécurité des cyclistes. Je souhaite que les gens puissent se dire : "Ça m'intéresse, c'est un métier d'avenir et je vais faire ma carrière dans ce domaine-là" », dit Marc-André Lebeau.

- Avec la collaboration de William Leclerc

EN CHIFFRES

• 4,2 millions: Nombre de cyclistes au Québec

• 600 000: Nombre de bicyclettes vendues au Québec en 2015

• 30 %: Augmentation du nombre de kilomètres de voies cyclables au Québec de 2010 à 2015

Source : Vélo Québec