En 2017-2018, plusieurs écoles secondaires en région, pourtant encore considérées comme très défavorisées par Québec, perdront le soutien alimentaire dont elles bénéficiaient jusqu'ici du ministère de l'Éducation, dénoncent des députés péquistes et des syndicats locaux à la lumière de documents ministériels qui ont transité par les commissions scolaires.

À titre d'exemple, à la Commission scolaire des Samares, dans Lanaudière, l'enveloppe pour l'aide alimentaire (des déjeuners, des dîners et des collations pendant les heures de classe), qui était de 190 226 $ en 2014-2015 et de 70 375 $ en 2016-2017, passera cette année à 7081 $.

«Dans ma circonscription de Berthier, deux écoles secondaires n'auront plus rien, dénonce le député André Villeneuve. Les gens sont atterrés. Ce que cela signifie, c'est qu'en septembre, une centaine d'élèves ne recevront plus de petits déjeuners.»

Des surplus budgétaires

François Breault, président du Syndicat de l'enseignement de Lanaudière, est outré. «Qu'est-ce que l'on va dire à nos jeunes? Qu'ils ne sont plus tout à fait assez pauvres et qu'ils vont devoir se débrouiller? Alors qu'on est en 2017, en situation de surplus budgétaire et que le gouvernement dépense de grosses sommes en publicités télévisuelles pour vanter son bilan, je ne le prends pas.»

«C'est là une situation que personne ne souhaite. On va voir ce qu'on peut faire pour être créatif, notamment en regardant du côté des milieux communautaires», dit Diane Fortin, responsable des communications à la Commission scolaire des Samares.

La Commission scolaire des Chic-Chocs, qui recevait 33 090 $, ne devrait plus recevoir que 5269 $, selon les documents obtenus par la Fédération des syndicats de l'enseignement.

Pierre-Luc Synnot, vice-président du Syndicat des travailleurs de l'éducation de l'Est du Québec, estime que cette ponction va accentuer encore plus la tendance actuelle «à la vente de galettes». «Les écoles s'en remettent de plus en plus à des fondations et à des collectes de fonds pour offrir des services», a-t-il dit.

«S'il y a de plus grands besoins qu'avant à Montréal, je le comprends. Mais ça ne veut pas dire pour autant que soudainement, il y en a moins en région, a lancé Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE). Pourquoi déshabiller Pierre pour habiller Paul?»

Apprendre le ventre vide

La Commission scolaire de la Rivière-du-Nord (dans la couronne nord de la métropole) perd toute son aide alimentaire (20 513 $), selon les calculs de la FSE. Les Laurentides seraient aussi touchées, passant d'une enveloppe de 5665 $ à rien du tout. Et dans l'Outaouais, on passerait de 8519 $ à rien, toujours pour cette enveloppe particulière d'aide alimentaire.

Alexandre Cloutier, porte-parole de l'opposition officielle en matière d'éducation, fait valoir que l'«on ne peut pas demander à un jeune qui a le ventre vide d'apprendre. On est ici dans les besoins de base».

Pour sa part, Marie Deschamps, attachée de presse du ministre de l'Éducation Sébastien Proulx, fait valoir que l'enveloppe globale d'aide alimentaire a été reconduite, qu'elle est indexée et qu'elle totalise 7,7 millions pour l'année 2017-2018.

Seules les écoles les plus défavorisées - celles classées au rang 9 ou 10 selon l'indice de faible revenu - reçoivent des sommes particulières d'aide alimentaire.

Tout indique que bon nombre d'écoles secondaires en région, considérées jusqu'ici comme étant défavorisées, ne le sont plus selon les paramètres qui ont servi à calculer l'aide alimentaire de l'année à venir, et ce, bien que pour d'autres mesures budgétaires et sous d'autres aspects, elles puissent continuer à être considérées comme pauvres.