Les libérations de travail font partie intégrante de la tâche d'un enseignant et les réductions sans solde du temps de travail, que les professeurs de cégep sont aussi nombreux à demander, évitent des cas d'épuisement professionnel, affirme Caroline Senneville, présidente de la Fédération nationale des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN).

La Presse a publié hier un reportage sur le fait que les professeurs de cégep, dont la tâche s'est alourdie ces dernières années en raison notamment des élèves en difficulté désormais admis, étaient très nombreux à demander une réduction de leur temps de travail (sans solde) ou une libération pour une partie de leur tâche.

Dans plusieurs cégeps, le tiers - même la moitié, dans quelques cas - des enseignants demandent l'une ou l'autre ; ces demandes sont pourtant nettement moindres dans certains autres établissements, toutes proportions gardées. En réponse à notre demande d'accès à l'information, plusieurs cégeps disaient enfin ne pas avoir le moindre document résumant le nombre de libérations et de demandes de réduction de temps de travail.

Les tâches connexes à l'enseignement sont essentielles au bon fonctionnement de nos établissements, dit la FNEEQ.

« DE LA "JOB" POUR LES NOUVEAUX PROFS »

Quant à la réduction du temps de travail, « elle évite à plusieurs enseignants un épuisement professionnel dont les coûts seraient autrement plus élevés sur les plans humain et financier », selon Mme Senneville, qui ajoute qu'elle crée aussi « de la job pour les nouveaux profs ».

« Ce ne sont pas les libérations qui mettent de la "pression sur le système", c'est plutôt le système qui met de la pression sur les profs », soutient Lucie Piché, présidente de la Fédération des enseignants de cégep (affiliée à la CSQ).

Outre ces réactions syndicales, les enseignants ont été nombreux à réagir par courriel à l'article, certains pour signaler que dans leur cégep, il y avait peu de libérations et de demandes de réduction du temps de travail. Certains ont relevé que certaines libérations demandaient plus de travail que l'enseignement en classe.

D'autres enseignants se sont plaints du fait que le nombre élevé de demandes de réduction du temps de travail dans leur cégep - souvent par des professeurs qui choisissent de travailler en parallèle dans le secteur privé - contribue à la précarité de jeunes enseignants. En effet, ceux-ci doivent courir d'un cégep à l'autre pour obtenir des heures, en n'étant souvent prévenus du cours à donner que quelques semaines à l'avance.

EN RÉGION

D'autres ont dit que les demandes de réduction du temps de travail se vivent mal en région, où il est plus difficile de trouver un remplaçant. D'autres encore ont douté de la pertinence et du suivi de certains comités mis en place et qui se traduisent par des libérations parfois bidon, sans reddition de comptes qui se tienne. Enfin, des enseignants du primaire et du secondaire nous ont écrit pour nous dire qu'ils enviaient les conditions de travail de leurs collègues du cégep.

Dans le cas d'une libération - comme, en entreprise, pour une libération syndicale, par exemple -, les enseignants sont évidemment payés normalement, puisqu'ils sont en poste.

Pour ce qui est des demandes de réduction du temps de travail (l'équivalent d'un congé sans solde), les enseignants ne sont pas payés et sont souvent remplacés par des plus jeunes, moins bien payés. Cependant, comme le stipule l'article 15-14.13 de la convention collective des enseignants de cégep, l'employeur continue de verser la totalité de sa contribution au fonds de pension de l'enseignant, comme s'il travaillait au cégep 100 % du temps.