Rosine Knafo ne décolère pas : il y a une dizaine de jours, son fils de 5 ans a été laissé seul pendant plus d'une heure à la descente de l'autobus scolaire alors qu'il n'y avait personne à la maison pour l'accueillir. Une « faute grave », dénonce la mère de La Prairie.

Exceptionnellement, le petit William avait pris l'autobus la veille pour rentrer à la maison où son frère et son grand-père se trouvaient. Mais le jeudi avant la longue fin de semaine de Pâques, les deux frères sont allés à l'école et devaient y être récupérés par leurs parents.

« Le jeudi matin, on a envoyé un courriel au service de garde en leur disant de ne pas mettre William dans l'autobus parce que son frère était de retour à l'école. On n'a pas eu de confirmation de réception, donc, en fin d'après-midi, on a appelé à l'école pour s'assurer qu'ils avaient reçu l'information », explique Rosine Knafo.

Au téléphone, on confirme aux parents que leurs deux fils sont toujours à l'école. Pourtant, quand ils arrivent pour les récupérer, le plus jeune n'y est pas.

« On s'est mis en route vers la maison en catastrophe. C'était infernal. Je ne peux pas vous dire tout ce qui m'est passé par la tête. Ça faisait une heure et quart qu'il avait pris l'autobus », laisse savoir Mme Knafo.

Pour les parents, toute cette histoire a des airs de déjà vu. L'an dernier, c'est leur fils aîné, alors âgé de 7 ans, qui a été mis dans l'autobus par erreur en plein hiver. Un voisin l'avait recueilli.

« Les responsables du service de garde et de la commission scolaire m'avaient alors assuré que ça ne serait jamais arrivé s'il était en maternelle, parce que le protocole dit que les chauffeurs d'autobus ne doivent pas laisser un enfant sortir s'il n'y a pas d'adulte pour le récupérer. Visiblement, il y a une faille dans le protocole », dit Rosine Knafo.

Son fils William a tenté d'entrer dans la maison, a cogné sans succès chez quelques voisins. « On habite sur une route provinciale, c'est un miracle qu'il ne lui soit rien arrivé », dit la mère. C'est finalement une voisine qui l'a repéré. Il était assis devant chez lui, en larmes.

Le protocole modifié

La commission scolaire des Grandes Seigneuries reconnaît que « des erreurs ont été faites » et ajoute que le protocole de sortie des élèves a été modifié. « On a 26 000 élèves, on en transporte 14 000. Ça arrive peut-être deux fois par année, mais c'est toujours deux fois de trop », dit Mylène Godin, responsable des communications de la commission scolaire.

Selon le protocole existant, William n'aurait jamais dû être laissé devant chez lui. 

« Les élèves du préscolaire ont une identification qui dit qu'ils sont en maternelle. Si le chauffeur d'autobus n'a pas un contact visuel avec l'adulte, il ne peut pas faire descendre l'élève. Dans ce cas-ci, je pense que l'identification n'était pas voyante », croit Mme Godin.

À la commission scolaire des Patriotes, on se souvient très bien d'un événement semblable survenu il y a deux ans. Un élève de 7 ans avait été déposé à plus d'un kilomètre de chez lui. « Ça avait créé beaucoup d'émoi », se rappelle la coordonnatrice des communications, Lyne Arcand.

Les chauffeurs d'autobus de la commission scolaire ont aujourd'hui « pour consigne de suivre les habitudes des élèves et des parents », dit-elle.  « Si chaque jour un adulte attend un élève et qu'il n'est pas là, le chauffeur peut décider de garder l'enfant dans l'autobus ou d'appeler son répartiteur pour savoir s'il est au courant », dit Lyne Arcand.

Même son de cloche à Laval où, à la dernière rentrée, un garçon de 5 ans a été déposé à quatre kilomètres de chez lui. « Quand il arrive des incidents un peu malheureux, on se sert de ces événements pour bonifier nos façons de faire. On s'assure que ça ne se reproduise pas », dit Jean-Pierre Archambault, directeur des communications à la commission scolaire de Laval.

Rosine Knafo assure pour sa part que ses enfants ne reprendront pas l'autobus de sitôt. « Le protocole ne doit pas permettre les failles, dit la mère. Si tu as un doute, tu gardes l'enfant à l'école. »