Dès mardi soir, prévoyant le pire, les commissions scolaires, écoles privées, cégeps et universités de la grande région de Montréal ont rapidement, massivement et exceptionnellement annoncé qu'il n'y aurait pas classe, hier. À l'école secondaire privée anglophone Education Plus située dans l'arrondissement de Saint-Laurent, par principe, par souci pédagogique, pas question de fermer.

C'était ouvert, hier, comme ce l'est depuis 23 ans sans interruption, y compris lors du grand verglas de 1998.

«L'école, ça sert bien plus qu'à apprendre les mathématiques ou l'histoire. Ça sert aussi à se forger un caractère fort, à apprendre à être courageux, déterminé, tenace, explique James Watts, directeur de l'établissement, qui est lui-même allé travailler en skis de fond.» 

«Si nous voulons que les élèves deviennent de vrais leaders, des entrepreneurs qui savent prendre des risques, il faut leur montrer à surmonter les obstacles qui se dressent sur leur chemin», affirme M. Watts.

À ses yeux, les écoles, cégeps et universités ont eu tout faux, alors? «Pour les écoles primaires, je comprends. Dans un temps comme celui-là, les autobus scolaires peuvent rester coincés des heures dans la circulation. Mais pour le reste, pourquoi les écoles ont-elles choisi de fermer en raison de ces 30 centimètres alors qu'elles étaient restées ouvertes lors du verglas autrement plus dangereux de janvier?»

Selon M. Watts, à partir de l'école secondaire, les jeunes de Montréal peuvent facilement prendre les transports publics puis marcher, au besoin. Il raconte que ses élèves tirent d'ailleurs une fierté d'être des «guerriers» capables de braver les éléments.

Même quand on est très persévérant et qu'on est un vrai guerrier, quand il fait mauvais dehors, ne s'expose-t-on pas tout particulièrement aux accidents? 

De toute manière, ajoute M. Watts, peu importe la décision de la direction de l'école, le dernier mot revient aux familles elles-mêmes.

Hier, 75% des élèves de l'école Education Plus se sont présentés à l'école. «Notre élève qui vient de Saint-Lazarre était même présente», note-t-il.

Un discours qui détonne

Mais d'un point de vue social, n'est-ce pas une bonne idée, lors d'une journée pareille, de faire en sorte qu'il y ait le moins de monde possible sur les routes pour laisser le chemin libre à tous ceux qui offrent des services essentiels ou urgents? «La plupart de nos élèves viennent en transport en commun de toute façon», répond-il.

Aussi convaincu était-il, M. Watts détonnait, hier, avec ce discours. Par exemple, de mémoire d'homme (le responsable des relations de presse à la Commission scolaire de Montréal), cela faisait neuf ans que la CSDM avait fermé ses écoles pour cause de tempête. Et jamais depuis le verglas de 1998, l'Université de Montréal avait-elle pris la décision de fermer ses portes.

Pendant toutes ces années, il est pourtant arrivé plusieurs fois qu'il tombe 30 ou 40 centimètres. Comment expliquer que cette fois, tant d'institutions aient compris qu'il valait mieux rester fermées?

La volée de bois vert reçue par les commissions scolaires qui sont restées rouvertes, en janvier, lors d'une journée de verglas, y est-elle pour quelque chose?

En tout cas, aussi bien à la Fédération des commissions scolaires qu'au Ministère, on assure qu'il n'y a pas eu de mot d'ordre.

Aujourd'hui, c'est cependant la fin de la récréation. Tout indique que les écoles seront rouvertes, comme le confirmaient hier par exemple la CSDM et la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys.