Faut-il ou pas peser les élèves au cégep, au secondaire, voire au primaire ? Étudiée ces jours-ci en commission parlementaire après avoir fait l'objet d'une pétition de 4336 signataires opposés à la pratique, la question devra être tranchée par le ministre de l'Éducation.

Dans le coin droit : la Fédération des comités de parents du Québec, fortement opposée à l'idée de cette pesée qui se fait dans plusieurs cégeps et aussi dans certaines écoles primaires et secondaires sans qu'on sache à quel point la pratique est répandue. Au cégep, la pesée et l'indice de masse corporelle sont souvent pris en compte pour évaluer la condition physique des élèves.

S'appuyant sur des experts comme l'American Academy of Pediatrics et après avoir mené un sondage auprès des parents qu'elle représente, la Fédération estime que la pesée «comporte de trop grands risques d'engendrer chez les jeunes des comportements alimentaires malsains, de la stigmatisation et de l'intimidation liée au poids».

La Fédération des comités de parents du Québec reconnaît certes que la proportion de jeunes avec un surplus de poids est préoccupante. Au nom des parents qu'ils ont sondés, l'organisme souhaite qu'à la pesée, les écoles privilégient plutôt la transmission d'informations sur les bienfaits d'un mode de vie actif et d'une saine alimentation.

De son côté, la Fédération des enseignants d'éducation physique du Québec a tenu un autre discours en commission parlementaire.

Dans son mémoire, cette fédération demande à ce que les enseignants d'éducation physique maintiennent «la prise de mesures anthropométriques sur une base volontaire et confidentielle comme moyen éducatif, à savoir comme moyen de sensibilisation des étudiants à l'image corporelle positive».

Troubles alimentaires

Les enseignants d'éducation physique font d'abord remarquer que la connaissance du poids corporel est parfois nécessaire pour évaluer la condition physique des jeunes.

Ils observent ensuite dans leur mémoire que «le passage au collégial est souvent critique. Les étudiants quittent le milieu familial, ils ont souvent moins accès à des lieux d'entraînement et ils doivent prendre en charge leur alimentation». 

«Il peut en résulter des changements importants dans la composition corporelle [des jeunes] et notre rôle est de faire prendre conscience aux étudiants de ces changements.» - Extrait du mémoire de la Fédération des enseignants d'éducation du Québec

Les enseignants d'éducation physique notent cependant que la pesée et la mesure de l'indice de la masse corporelle doivent absolument se faire sur une base volontaire et de manière confidentielle.

Sensibles à la question des troubles alimentaires, ils s'opposent à la pesée au primaire et au secondaire.

Au terme des débats, les commissaires parlementaires qui se penchent sur le sujet devront transmettre un avis au ministre de l'Éducation, Sébastien Proulx.

Cet été, lorsqu'il avait été interrogé sur le sujet, le ministre s'était montré plutôt opposé à la pratique de la pesée.