Rare moment d'harmonie au cours des dernières semaines, Justin Trudeau et Philippe Couillard s'entendent sur le financement d'importants travaux d'infrastructures pour la rénovation des établissements d'enseignement postsecondaires.

Selon les informations obtenues par La Presse, MM. Trudeau et Couillard annonceront ce matin au Centre communautaire intergénérationnel d'Outremont une contribution de 460 millions d'Ottawa pour la rénovation de cégeps et d'universités au Québec d'ici 2018.

Le programme sur trois ans atteignait 2 milliards pour l'ensemble du Canada, selon l'annonce faite par Ottawa en avril dernier. Le Québec reçoit sa part au prorata de sa population.

Dans le « fonds d'investissement stratégique pour les établissements postsecondaires », les provinces contribuent jusqu'à 50 % du coût des projets, mais le pourcentage varie passablement selon le type d'investissement, et le niveau des coûts jugés admissibles. Le premier ministre Couillard sera flanqué d'une longue file de membres de son gouvernement comme Hélène David, la responsable de l'Enseignement supérieur, mais aussi les titulaires des Finances et de la Santé, Carlos Leitão et Gaétan Barrette. 

L'EXCEPTION

Rare moment d'harmonie entre Québec et Ottawa : au cours des derniers jours, les deux gouvernements ont eu des différends sur le projet fédéral de loi sur les banques qui touchait les compétences du Québec en matière de protection des consommateurs - Ottawa a reculé sur les aspects litigieux de son projet de loi. Les deux gouvernements sont aussi en désaccord sur le financement de la santé, et plus récemment sur la décision fédérale de proscrire totalement l'utilisation de l'amiante au pays.

Depuis un an, une série de reportages ont mis en lumière l'état de délabrement du parc immobilier des universités et cégeps. 

Selon une analyse du gouvernement du Québec, pas moins de 40 % du parc immobilier du réseau universitaire est « en mauvais état ou en très mauvais état ». 

L'automne dernier, Québec évaluait à 1,5 milliard le déficit d'entretien et avait dressé un plan d'intervention visant surtout les plus vieux établissements. Les universités dont les bâtiments sont les plus dégradés sont McGill, l'Université de Montréal, Concordia, Bishop's et l'INRS. Chacun a plus de 50 % de ses bâtiments en mauvais ou très mauvais état. À McGill, c'est 73 % du parc immobilier qui nécessite des travaux. 

Du 1,5 milliard de déficit d'entretien, 615 millions viennent du délabrement de McGill et 285 millions de l'Université de Montréal. Concordia aurait besoin de 175 millions pour remettre en état de ses bâtiments et l'UQAM, de 126 millions.

À LA GRANDEUR DU QUÉBEC

D'autres établissements sont mal en point, mais dans une moindre mesure. Entre le quart et le cinquième des bâtiments de l'Université du Québec à Trois-Rivières, de l'Université de Sherbrooke, de l'UQAM, de l'École Polytechnique et de HEC Montréal sont dans un piètre état.

Au niveau collégial, on constatait aussi une situation alarmante, surtout dans la région de Montréal. Selon le ministère de l'Enseignement supérieur, le déficit d'entretien était toujours de 427 millions, bien qu'il ait été réduit par rapport à l'année précédente - 598 millions. En 10 ans, 1,4 milliard ont été investis pour maintenir à niveau le parc immobilier des cégeps du Québec, faisait valoir la ministre Hélène David.

Lors du lancement du programme fédéral, Ottawa avait annoncé que les projets devaient être soumis avant mai 2016. À l'époque, un document de la Fédération des cégeps indiquait que Québec voulait soumettre au gouvernement fédéral 134 projets de rénovations pour les cégeps et universités, pour une facture totalisant 1,2 milliard. Dans l'ensemble du pays, 70 projets totalisant 1,2 milliard ont été annoncés jusqu'ici.