Le gouvernement est prêt à «moderniser» le système d'éducation, mais il n'est pas question de lancer une autre vaste réforme, a déclaré le premier ministre Philippe Couillard à l'ouverture de sa consultation nationale sur la réussite éducative jeudi.

Ce forum fait suite aux consultations régionales menées par le ministre de l'Éducation, Sébastien Proulx. Il réunit les acteurs des services de garde et du milieu scolaire, de même que des représentants de groupes sociaux. Québec entend déposer une politique sur la réussite au début de l'an prochain qui reprendrait les «priorités les plus consensuelles» exprimées lors des consultations.

«Il y a une fatigue des réformes dans le système d'éducation, on l'entend, on le voit, a affirmé M. Couillard dans son discours. Ce qu'on fait ici, c'est un travail collectif et non une nouvelle réforme qui va s'ajouter.» Il veut maintenir un système «le plus flexible possible» et transférer la prise de décisions «dans la salle de classe». Il y aurait plus de pouvoirs pour les enseignants, les professionnels et les directions d'école.

«Notre rôle au gouvernement, a-t-il ajouté, c'est de rassembler les idées dans un événement comme celui-là et en faire des priorités qui sont les plus consensuelles possible.»

Il entend résister à l'effet de mode entourant certaines idées, qu'il n'a toutefois pas identifiées. Les mesures retenues par le gouvernement auront des assises solides, a-t-il prévenu. Le gouvernement entend faire « les bons choix, soutenus par la preuve, la science, les données probantes, et non les opinions d'un moment, d'une semaine, d'un mois même d'une année».

Pour Sébastien Proulx, si dans les années 60 le Québec a voulu «rendre l'éducation accessible à tous», l'heure est venue de « rendre la réussite éducative accessible à tous».

Philippe Couillard a lancé un tour de table en demandant aux participants «quelle est la priorité en éducation au Québec pour les prochaines années?». Plusieurs idées ont été exprimées. Mais l'une paraît faire consensus: la création d'un institut d'excellence en éducation, une idée que le ministre Proulx avait lancée une première fois en entrevue à La Presse en mai dernier.

Cet institut serait chargé d'identifier les meilleures pratiques, dont celles déjà adoptées par certaines écoles, et de donner des outils à l'ensemble du réseau scolaire pour les implanter. Il contribuerait à l'amélioration des services destinés aux élèves en difficulté.

L'Association québécoise du personnel de direction des écoles réclame un institut de ce genre, qu'elle nomme l'Office québécois d'évaluation de la qualité de l'éducation. Cet office «aurait pour mandat de déterminer et de suivre les indicateurs de réussite et de persévérance en éducation», suggère cette association.

Miser sur la qualité est aussi une priorité de l'Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE). Le ministre Proulx souhaite d'ailleurs une complémentarité entre les services de garde et le système scolaire.

Le Conseil du patronat plaide pour l'instauration d'un «système d'assurance de la qualité».

La Fédération autonome de l'enseignement (FAE), dont des membres manifestaient sous la tempête à l'extérieur du Centre des congrès, se plaint que le système «s'affaisse sous le poids des compressions». «Le gouvernement demande aux profs de faire plus avec moins», selon elle. La CSQ a également demandé un ajout de ressources «pour répondre aux besoins des élèves».