La Centrale des syndicats du Québec (CSQ), le plus important syndicat dans le domaine de l'éducation, lance un appel pressant au ministère de l'Éducation pour que soit revue la formule des consultations régionales sur la réussite éducative qui s'amorcent demain.

En entrevue avec La Presse canadienne, la présidente de la CSQ, Louise Chabot, a qualifié d'improvisation l'exercice dans sa forme actuelle.

La première consultation réunira les acteurs du milieu de l'éducation des régions de la Capitale nationale et de Chaudière-Appalaches. Or, la CSQ a appris jeudi que le ministère n'a ouvert qu'une seule période de dix minutes pour les représentations de l'ensemble du personnel syndiqué à la CSQ.

«Ça va nous apparaître avoir été un raccourci assez incroyable d'une consultation qui se voulait beaucoup plus large», a déploré Mme Chabot.

«Ce n'est probablement pas de la mauvaise foi, mais ils n'ont certainement pas calculé qu'ils manqueraient de temps.»

Mme Chabot fait valoir que la Centrale regroupe huit syndicats représentant 12 000 enseignants pour ces deux seules régions, dont les réalités diffèrent considérablement, tant par région que par niveau d'enseignement et qui ont des idées et des besoins distincts en matière de réussite.

«La majeure partie des gens qui sont experts dans ce domaine-là, c'est le personnel de l'éducation et on ne leur donne pas pleine chance de contribuer», avance-t-elle, ajoutant que la formule est «insoutenable» pour la Centrale.

La CSQ représente également des professionnels - orthophonistes, psychologues, travailleurs sociaux, conseillers pédagogiques, orthopédagogues et autres - dont les problématiques et les solutions sont tout aussi variées et pour lesquels on ne fera aucune place.

«Ce qui nous horripile dans l'exercice, c'est que c'est faux de prétendre qu'on va entendre le personnel de l'éducation, parce que la formule ne permettra pas une véritable consultation et ne permettra pas - contrairement à ce que le ministère dit - une vraie consultation large de tous les acteurs du milieu», a pesté la syndicaliste.

De plus, Louise Chabot note que le personnel en petite enfance se voit exclu par cette restriction dans le temps.

«Les syndicats de la petite enfance auraient aussi intérêt à être entendus, parce dans le cadre de la réussite éducative, la question d'agir tôt ne se pose même plus.»

Selon elle, il est essentiel d'ajouter davantage de temps, sans quoi tout l'exercice risque d'être «bidon» et «biaisé». Jusqu'ici, dit-elle, le ministère fait preuve d'improvisation et de méconnaissance de la réalité des régions et du milieu.

La CSQ avait pourtant accueilli à bras ouverts et avec enthousiasme l'annonce de ces consultations, le 16 septembre dernier, mais sa présidente a déchanté d'un coup après avoir appris que le personnel qui oeuvre auprès des élèves et qui est le mieux placé pour proposer des pistes de solutions se voit incapable de le faire de manière plus élaborée.

«À mon avis, il y a péril en la demeure: comment un gouvernement pourra-t-il dire qu'au terme de l'exercice, il y a un consensus des acteurs du milieu? Que le personnel a été consulté? Ça va être une vraie farce», a laissé tomber Mme Chabot, visiblement découragée par cette approche.

Qu'à cela ne tienne, la CSQ invite tous les sous-groupes de la CSQ ceux qui ont demandé à être entendus, mais qui n'ont pas été invités à se présenter quand même à la consultation afin de bien faire sentir leur présence et signaler la pertinence de celle-ci.

La consultation a déjà été lancée en ligne, sur le site internet du ministère de l'Éducation, et se déroulera dans ce format jusqu'au 10 novembre. Les consultations régionales, elles, s'amorcent mardi et se poursuivront jusqu'à la fin de novembre dans plusieurs régions du Québec pour se conclure avec une consultation nationale le 1er décembre.