Des retards dans des travaux de rénovation forcent la direction à décaler l'arrivée de ses 1500 élèves à mercredi.

Des casiers au beau milieu d'un couloir, des planchers arrachés, des trous dans les murs recouverts par des planches de bois... Hier, le troisième étage de l'école primaire et secondaire FACE de Montréal ressemblait davantage à un chantier qu'à un établissement prêt à accueillir 1500 élèves pour la grande rentrée, demain matin. La Commission scolaire de Montréal (CSDM) a été forcée de repousser la rentrée de deux jours, puisque des travaux de rénovation n'ont pas été exécutés dans les délais prescrits.

« Mercredi, on est arrivés et c'était le bordel partout ! », raconte Paul Carrière. L'enseignant en arts plastiques au primaire travaille à l'école FACE depuis une dizaine d'années. Il est conscient de l'entretien particulier que nécessite le bâtiment historique occupé par l'école bilingue offrant le programme arts-études du préscolaire au secondaire. Or, il estime que l'état dans lequel étaient les lieux lors de la rentrée du personnel, la semaine dernière, était inacceptable.

« C'était encore carrément en construction. On ne pouvait pas entrer dans nos classes et nous n'avions pas de place où travailler. Même dans la salle des professeurs, ils changeaient des tuiles. »

M. Carrière a contacté la directrice de l'école et les plus hautes instances syndicales, qui sont entrées en communication avec la commission scolaire. Des correspondances appuyées par des photos, comme celles transmises à La Presse.

Jeudi soir, un représentant de la CSDM s'est rendu sur place pour constater l'avancement des travaux.

Le lendemain matin, les parents des 1500 élèves de l'école FACE ont reçu une lettre leur indiquant que « les travaux importants qui ont eu lieu cet été aux 3et 4e étages n'ayant pu se terminer avant ce vendredi », la direction était dans « l'obligation de retarder la rentrée des élèves au mercredi 31 août ». Une lettre envoyée trois jours avant le début de l'année scolaire.

« Ça a été porté à mon attention jeudi. J'étais en vacances à l'étranger, coupée de l'internet », a expliqué Stéphanie Bellenger-Heng, commissaire scolaire de Ville-Marie pour la CSDM. « J'ai parlé avec Mme [Catherine] Harel Bourdon [présidente de la CSDM] et on a pris la décision de reporter la rentrée pour assurer la sécurité des élèves. »

Une concentration anormale de plomb dans l'eau avait forcé l'interruption de l'approvisionnement en eau dans l'école, en mai dernier. Non seulement il fallait changer la plomberie, mais il fallait aussi retirer de l'amiante, refaire l'isolation, le calfeutrage, repeindre, arracher et refaire des planchers, remplacer des casiers, etc. Bref, la liste était longue et la commissaire n'était pas en mesure de déterminer la cause du retard dans les travaux confiés à un sous-traitant.

« J'imagine qu'il y a eu un concours de circonstances. On voit souvent des délais et du retard dans les chantiers, et la CSDM n'est pas à l'abri de ça », a donné comme explication Mme Bellanger-Heng, soulignant que les travaux étaient toujours plus complexes à l'école FACE, puisque le bâtiment est classé patrimonial.

Un blitz de travaux

La CSDM a espéré jusqu'à la dernière minute que les travaux soient réalisés dans les temps. Sans leur lancer la pierre, le représentant syndical voit là du laxisme.

« C'est la faute de qui ? Le sous-traitant ? La commission scolaire ? Je ne sais pas », dit M. Carrière. « Mais, encore vendredi, sur 70 personnes, nous étions 25 qui ne pouvions pas entrer dans notre classe, ne serait-ce que pour déballer nos affaires. »

Si, hier soir, Mme Bellanger-Heng expliquait qu'il ne restait que « de la finition, mais pas de grands travaux à faire », un entrepreneur croisé sur place dans la journée a confié à La Presse avoir été appelé en renfort, vendredi soir, pour effectuer des travaux de construction in extremis.

« On était là toute la journée et demain [aujourd'hui], on sera ici à 7 h. On a prévu faire un 16 heures pour que ce soit fini pour lundi. On doit faire des planchers, patcher des trous dans les locaux des casiers... », a raconté l'homme.

Au troisième étage de l'édifice patrimonial de la rue Université, une équipe de Groupe Urgence Sinistre (GUS) rangeait son matériel au terme d'une journée effectivement bien remplie.

« Il nous reste encore à récurer les planchers, on devrait les cirer tôt lundi matin », a confié une employée de GUS.

À tout le moins, les classes semblaient prêtes à accueillir les 1500 élèves. Il restera certainement quelques ajustements à faire même après la rentrée, « mais rien qui devrait nuire à la cohabitation avec les élèves, ni à leur sécurité », a assuré la commissaire.

Parents pris au dépourvu

La Commission scolaire de Montréal s'est assurée qu'aucun parent ne soit pris au dépourvu en raison de ces deux journées pédagogiques imprévues. Ainsi, la direction a affirmé que les deux services de garde de l'établissement accueilleraient les élèves dans le besoin et que le personnel nécessaire pour répondre à la demande serait sur place. « Tous sans exception peuvent être accueillis au service de garde », a déclaré Mme Bellanger-Heng. Elle a aussi expliqué qu'une rencontre se tiendrait cette semaine pour déterminer si ces deux journées seraient amputées du calendrier scolaire : « On va s'ajuster pour qu'il n'y ait aucun retard dans les programmes, mais ce sont deux jours de rentrée, ce ne sont pas les jours les plus cruciaux dans une année, disons. »