En mai et en juin, des dizaines de milliers d'élèves du Québec passent leurs examens du Ministère. Pour bon nombre de ces jeunes et pour leurs enseignants, c'est l'angoisse, comme pour les parents qui, si ce n'est de quelques fuites, ne voient jamais la couleur de la bête. Sauriez-vous, vous, vous en tirer ?

Ève Rémillard a choisi il y a quelques années de ne plus enseigner en 6e année. Elle ne veut plus avoir à faire passer d'examens du Ministère.

« Surtout en mathématiques, ils sont trop difficiles, trop longs. Trois ou quatre heures d'examen pour des enfants de cet âge, c'est trop. »

Si Chantal Labelle, elle aussi enseignante à l'école du Trait-d'Union, à Sainte-Thèrese, n'est pas allée jusqu'à demander de changer de classe, elle trouve elle aussi que les examens sont trop exigeants. « Pour l'une des questions, les élèves ont droit à 20 à 30 minutes. Mais même à moi, ça me prend 10 minutes pour trouver la réponse... »

Cela fait deux ans d'affilée que les enseignants du Québec se plaignent très publiquement de la difficulté des examens du Ministère en mathématiques.

« On est dans la soupe aux pois », croit aussi Catherine Renaud, présidente de l'Alliance des professeurs de Montréal.

En mathématiques comme dans d'autres matières, les examens portent sur l'évaluation de compétences plutôt que de connaissances.

Cela donne de moins en moins de questions avec une réponse toute simple (en quelle année tel traité ?) et de plus en plus de questions à long développement - genre bac français - qui demandent un long raisonnement. « Pour l'évaluation, ça complique beaucoup la tâche des enseignants », dit Mme Renaud.

Autre problème, selon elle : depuis que l'école fonctionne par cycle (1re et 2e années regroupées, 3e et 4e, 5e et 6e), il y a souvent confusion entre les notions qui doivent être enseignées une année ou l'autre.

PAS ACCESSIBLES

Tout cela, les parents ne le voient pas parce que le Ministère, malgré quelques fuites, s'assure que les examens ne circulent pas, y compris ceux des années passées qui ne sortent pas des salles de classe et qui ne sont pas ramenés à la maison.

Marie-Hélène Hébert, professeur au département d'éducation à la TELUQ, les voit passer, elle, depuis des années, un rare privilège réservé à quelques personnes, dont elle, à des fins pédagogiques (elle forme de futurs maîtres).

Or, les parents, note-t-elle, n'ont aucune idée de ce dont il est question. « Une fois que tous les examens ont été faits, je ne comprends pas pourquoi le Ministère ne les rend pas publics, sur un site internet accessible à tous. De toute façon, ils ne peuvent plus servir, trop d'élèves les ont vus. »

LES EXPLICATIONS DU MINISTÈRE

Linda Drouin, directrice des évaluations des apprentissages au ministère de l'Éducation, explique que l'idée de rendre les examens publics - ou du moins, des exemples de questions - pourrait être envisagée une fois qu'ils ont été donnés. 

Quant à la difficulté de certains examens, aussi bien Mme Drouin que son collègue, Normand Dufour, responsable des évaluations de mathématiques au primaire et au secondaire, font valoir que tout cela est bien relatif.

Mme Drouin ajoute que le degré de difficulté et les taux de réussite sont analysés de près chaque année. 

Ce qui est sûr, dit-elle encore, c'est qu'il y a de grandes disparités à l'échelle du Québec : certains groupes trouveront qu'un examen a été plutôt facile, tandis que d'autres en auront arraché. 

NOTIONS ENSEIGNÉES ?

Cela dépend de la force relative des élèves, mais aussi du fait qu'à certains endroits, « les enseignants ont une interprétation différente des notions qu'ils doivent enseigner », signale Mme Drouin. 

Autrement dit, certains élèves se retrouvent de fait, à l'examen du Ministère, devant des notions qui ne leur ont jamais été enseignées. 

Pour revenir sur la question de l'examen de mathématiques de 6e année, la calculatrice est autorisée et le problème de mathématiques le plus long à résoudre prend deux heures, précise M. Dufour. 

« On sait bien que ce sont des enfants, ajoute-t-il. Un enseignant peut faire des mises au point quand il voit que tout le groupe bloque quelque part. »

Mais pour un enseignant, reconnaît-il, il peut être difficile de voir jusqu'où il peut donner des éclaircissements ou une aide lors du jour J. 

Enfin, à propos de ce stress subi par les jeunes en mai et en juin pendant les examens du Ministère, Mme Drouin avance que c'est peut-être une question d'époque, « qui est peut-être plus axée sur la performance ». 

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Fuites et médias sociaux

À propos des fuites - sur Facebook ou ailleurs - qui ont forcé l'annulation de certaines questions d'examens du Ministère cette année, Linda Drouin, directrice des évaluations des apprentissages au ministère de l'Éducation, note que les processus devront être réévalués. « La réalité des réseaux sociaux prend de l'ampleur, il y a circulation très rapide de l'information et cela nous a donné plus de problèmes cette année », dit-elle.

Des exemples de questions

1- La fonte des glaciers continentaux affecte-t-elle le niveau de la mer ? Expliquez.

Oui, parce que de l'eau s'ajoute à la mer.

2- Comment la fonte de la banquise arctique affecte-t-elle la boucle thermohaline ?

La fonte de la banquise arctique affecte la boucle thermohaline en diminuant la salinité.

Source : Science et technologie, 4e secondaire, juin 2013, MELS

3- Voici la fiche signalétique d'une lampe qui a consommé 3000 J d'énergie lors de sa dernière utilisation. 100W, 60 Hz, 120V. Combien de temps cette lampe a-t-elle été utilisée ? A) 25 s B) 30 s C) 25 minutes D) 30 minutes

La réponse : 

1 watt = 1 joule/seconde

Si nous avons 3000 J alors : 

Temps (s) = Énergie (J)/Puissance (J/s)

Dans ce cas : 

Temps (s)=3000 J/100W=3000 J/100 J/s= 30 secondes.

La réponse est donc : 30 secondes.

Source : Science et technologie, 4e secondaire, juin 2013, MELS

4- Afin de réduire la formation de caries dentaires, certaines villes ajoutent du fluorure dans leur eau potable. Un employé chargé de la fluoration de l'eau potable dans une grande ville a dissous 48 grammes de fluorure dans 50 000 L d'eau. Quelle est la concentration, en PPM, de fluorure dans l'eau de cette ville ?

Exemple d'une démarche : 1ppm=1mg/L

48g X 1000 mg/1g=48 000 mg

48 000 mg/50 000 L=0,96 pp

La concentration en fluorure dans l'eau de cette ville est de 0,96 ppm

Source : MELS, Science et technologies, juin 2014