Avec environ 1800 élèves de plus pour gonfler ses rangs, la Commission scolaire de Montréal (CSDM) redoute une rentrée d'automne chaotique dans les écoles des quartiers centraux. À quelques jours du début des vacances, la présidente, Catherine Harel Bourdon, lance un appel au dialogue au syndicat des professeurs pour déroger aux moyennes d'élèves du territoire.

Vendredi dernier, les dirigeants des écoles ont appris, par un bulletin interne, qu'en raison des moyennes mathématiques à respecter, certains élèves risquent d'être transférés pour former des groupes de huit à dix élèves dans d'autres écoles. Chemin faisant, certains postes d'orthopédagogue pourraient être transformés pour enseigner à ces petits groupes. Les écoles des quartiers à risque sont Rosemont, Ville-Marie, Notre-Dame-de-Grâce, Saint-Michel, Ahuntsic, Cartierville et Côte-des-Neiges.

«J'ai reçu la nouvelle comme une bombe. Mon école fonctionne au maximum de sa capacité, j'ai même dû convertir mon local d'anglais en classe. Mais cette décision signifie que des élèves devront aller dans une autre école, à l'extérieur du quartier, et que je vais perdre mon orthopédagogue», a indiqué une directrice d'école, qui a préféré conserver l'anonymat pour préserver «un bon climat» dans son école.

Lors d'un entretien avec La Presse, la présidente de la CSDM a affirmé que des pourparlers avec l'Alliance des professeures et professeurs de Montréal se sont soldés par un échec, le 25 mai dernier. L'Alliance refuse d'ouvrir une brèche dans sa convention collective pour moduler les moyennes d'élèves par quartier, ne serait-ce que pour un an, déplore-t-elle.

«Ce sont les élèves qui vont en payer le prix, et pas seulement ceux inscrits en libre choix», s'indigne Mme Harel Bourdon.

«Je n'ai plus de classes. Je peux dépasser de deux ou trois élèves par classe, mais pas de cinq ou six. Et je ne vois pas la logique de déplacer des orthopédagogues pour enseigner dans des classes de huit ou dix élèves», dit Mme Bourdon.

«Il faut de nouvelles classes»

À l'Alliance des professeures et des professeurs, la présidente Catherine Renaud se dit consciente de la difficulté de la CSDM à respecter les moyennes d'élèves dans certains quartiers. Mais elle estime que la balle est plutôt dans le camp du gouvernement, et non des syndicats.

«C'est le ministère de l'Éducation qui a un manque de vision, pas nous, dit-elle. Il faut tenir compte des particularités de Montréal. Il faut ouvrir de nouvelles classes, de nouvelles écoles. Je suis bien prête à sortir publiquement pour les revendiquer. Mais ce n'est pas vrai que nous allons reculer sur nos conditions de travail, sur les moyennes d'élèves par groupe, donc sur la qualité de l'enseignement.»

Mme Renaud décoche aussi une flèche vers la Ville de Montréal, vers un appel «au réveil» de la part du maire Denis Coderre.

«Certains arrondissements sont réticents à délivrer des permis pour ouvrir des unités mobiles d'enseignement. C'est un non-sens, il faut aussi dénoncer cette situation», ajoute-t-elle.

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Moyennes à respecter

À la CSDM, il existe des moyennes d'élèves par classe à respecter, comme dans toutes les commissions scolaires, mais aussi pour l'ensemble des groupes de chacun des types d'élèves. C'est cette clause de la convention collective que veut ouvrir la direction de la commission scolaire.

Elle prévoit, entre autres, qu'aucun groupe d'élèves ne dépasse les maximums, sauf à certaines conditions. Notamment, la CSDM a l'obligation de s'assurer qu'il n'y a aucune place dans les écoles environnantes avant de créer un dépassement. Les enseignants reçoivent une compensation financière pour les dépassements.