S'appuyant sur une étude de chercheurs de l'Université du Québec à Montréal (UQAM), la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) réclame un nouveau modèle d'intégration des élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage dans les écoles primaires et secondaires. Selon les résultats d'une recherche menée auprès de 300 enseignants dans neuf commissions scolaires, et dévoilée aujourd'hui, les « professeurs sont déchirés, constamment sous pression et démunis » face à cette clientèle dans leurs classes.

« Si nous avions un seul sujet à aborder pour décrire la détresse chez les enseignants, ce serait celui-là. Ça ne peut plus durer. Le gouvernement doit prendre acte », estime la vice-présidente vie professionnelle de la FAE, Nathalie Morel, un syndicat représentant 34 000 enseignants au Québec.

La FAE, qui a financé cette étude menée sur trois ans, affirme que les conclusions des trois chercheurs sont indépendantes. Les chercheurs, les professeurs au Département d'éducation de l'UQAM, Gérald Boutin, Lise Bessette et Houssine Drini, ont tenu des entretiens de groupe et soumis les enseignants à un questionnaire. « Le défi de ce type d'élèves dépasse les capacités des enseignants, a résumé le chercheur, Gérald Boutin. On a constaté que les enseignants sont d'accord avec le processus, mais les élèves sont trop nombreux. »

Le coup de sonde leur a donc permis de constater que les enseignants affrontent des situations problématiques chaque semaine. Ils évoquent un manque de ressources humaines et matérielles, un manque de soutien sur le plan humain, un manque de temps, des retards dans l'accès à des ressources, une lourdeur des tâches, ainsi qu'un manque d'expertise et d'information pour gérer les élèves complexes et difficiles.

À la lumière de ces résultats, la FAE propose quatre grands axes pour mettre en place un nouveau modèle d'intégration des élèves dits « EHDAA ». D'abord, la prévention et l'intervention précoce, ensuite placer l'évaluation des difficultés de l'élève au coeur de l'intégration, inclure des conditions essentielles à l'intégration, et revenir à la mission première de l'école publique, soit l'instruction. Ces axes s'articulent autour de 32 propositions précises, dont un meilleur accès à des professionnels; orthopédagogues, psychologues, techniciens spécialisés, etc.

« Quand on a développé l'intégration des élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage dans les classes régulières, on a pensé au volet socialisation. On a mis toutes nos billes dans la socialisation. Mais on a oublié la réussite des élèves. On a nivelé vers le bas », déplore Mme Morel, de la FAE.