Des enseignants, des parents, et plusieurs politiciens membres des partis d'opposition ont marché samedi après-midi dans les rues de Montréal pour « exiger un réinvestissement massif en éducation » au gouvernement de Philippe Couillard.

Ils étaient plus de 1000 à braver la neige en début d'après-midi pour se rassembler au marché Maisonneuve, dans l'est de la métropole.

« Ça fait huit ans que j'enseigne et je vois vraiment une dégradation autant dans les conditions des élèves que celles des enseignants », déplore Annik, une prof de français de troisième secondaire.

Elle raconte par exemple avoir de la difficulté à se procurer des dictionnaires et des romans pour ses élèves. « Pendant ce temps, au privé, ils ont des iPad. »

L'enseignante avoue être découragée. « Je mentirais de dire que je ne suis pas en réflexion quant à mon avenir. C'est dommage par ce que j'adore mes élèves. Mais je me sens les mains liées. Je suis prise dans une grosse machine. Et en plus, il y a la charge de travail qui est tellement grande que je dois sacrifier mes loisirs et ma famille. »

À la Fédération autonome de l'enseignement (FAE), qui a organisé la marche, on dénonce les « mauvais choix » récurrents du gouvernement.

Le syndicat qui représente 34 000 enseignants n'a toujours pas conclu d'entente avec le gouvernement. Il déplore ce qu'il qualifie de mauvaises conditions d'apprentissage pour les élèves.

« Les écoles ne se détériorent pas en une fin de semaine. Ce sont des années de mauvais choix et ce ne sont pas les petites mesurettes du gouvernement qui vont y changer quelque chose », dit le président Sylvain Mallette.

Le syndicat a d'ailleurs prévu un trajet servant à appuyer ses revendications pour la manifestation d'aujourd'hui. Les protestataires suivront un parcours sur lequel se trouvent des écoles vétustes et des établissements pour les enfants avec des besoins particuliers ou vivants sans des milieux défavorisés.

« Le réinvestissement que nous réclamons est urgent. Comment le gouvernement peut-il affirmer sans gêne que l'éducation est une priorité, alors que dans un rayon d'à peine 3 kilomètres, 3 écoles du quartier Hochelaga-Maisonneuve sont fermées en raison de problèmes de vétusté et de moisissures qui nuisent à la sécurité et à la santé des enfants? », demande Sylvain Mallette. Il fait référence aux écoles Baril, Hochelaga et Saint-Nom-de-Jésus. Une a été démolie, les deux autres sont en rénovations.

La députée de Hochelaga-Maisonneuve, la péquiste Carole Poirier, s'est elle aussi déplacée pour la marche. « Ici, il y a encore des enfants qui ne peuvent pas aller à l'école dans leur quartier. Il faut des budgets pour rénover les bâtiments, dit-elle. C'est important l'école publique. C'est une richesse. Il faut la protéger. »

« La bourse du gouvernement Couillard est toujours généreuse pour les grands lobbys. Pourquoi est-elle vide pour les élèves du Québec, alors que l'éducation de nos enfants devrait être une priorité nationale? Depuis l'élection du gouvernement Couillard, l'histoire est toujours la même: des coupes sauvages dans les services publics d'un côté, des largesses, notamment pour les médecins et Bombardier, de l'autre », ajoute par voix de communiqué Françoise David, députée de Gouin et porte-parole de Québec solidaire, elle aussi présente à la marche.