Des camps de réfugiés aux bancs des plus grands établissements d'enseignement du Québec. HEC Montréal attribuera des «bourses d'exemption des droits de scolarité» à cinq étudiants syriens qui arriveront au pays à titre de réfugiés durant les prochaines semaines, alors que Concordia met sur pied un fonds lui permettant d'accueillir autant de réfugiés, a appris La Presse. Des mesures qui rappellent une tradition déjà bien ancrée à l'Université Bishop's, en Estrie.

HEC Montréal souhaite «apporter [sa] contribution» à l'accueil des réfugiés syriens en ouvrant ses portes à ceux qui souhaiteraient étudier chez elle.

L'établissement affilié à l'Université de Montréal prévoit donc accorder à la rentrée de septembre 2016 cinq bourses d'exemption des droits de scolarité à autant d'étudiants syriens.

«On s'est dit qu'on devait faire notre part», a indiqué hier à La Presse la directrice des communications de HEC Montréal, Michèle Beaubien, saluant au passage l'initiative d'un étudiant qui avait lancé la semaine dernière une pétition en ce sens, signée à ce jour par plus de 600 personnes.

«Mes parents ont eu l'occasion d'immigrer au Canada au moment où les conditions au Liban étaient vraiment exécrables, parce qu'il y avait la guerre, raconte l'étudiant en question, Nader Daher, candidat à la maîtrise en affaires internationales. Donner cette chance-là aux gens qui viennent de Syrie et qui vivent le même calvaire, sinon pire, pour moi, c'est important.»

Il reste maintenant à déterminer comment assumer les frais de subsistance de ces cinq étudiants réfugiés, ce qui fera l'objet de discussions d'ici Noël.

Nader Daher propose que HEC Montréal ajoute 5$ aux droits de scolarité des quelque 13 000 étudiants de l'établissement, une idée que la direction souhaite d'abord évoquer avec les associations étudiantes avant de prendre une décision.

Nader Daher espère que ces initiatives feront boule de neige et que d'autres communautés universitaires du Québec se mobiliseront pour accueillir des réfugiés syriens.

Il affirme que donner une telle occasion à des réfugiés sera payant à long terme pour la société, prenant en exemple les Libanais, qui sont devenus «commerçants, médecins, avocats» et qui forment «une des communautés les plus dynamiques économiquement au Québec».

Une vieille tradition à Bishop's

L'idée d'offrir à de jeunes réfugiés l'occasion de poursuivre des études postsecondaires n'est cependant pas nouvelle: l'Université Bishop's, à Sherbrooke, le fait depuis 1992.

«Nous avons parrainé 39 étudiants [à ce jour]», confie Heather Thompson, qui fait partie du comité composé d'étudiants et de membres du personnel derrière cette initiative.

L'université et le collège Champlain, qui partagent le même campus, hébergent les réfugiés aux résidences étudiantes, les exonèrent des droits de scolarité et leur offrent un laissez-passer pour la cafétéria, tandis que le comité assume les autres frais de subsistance.

«Mais jusqu'à maintenant, on n'a jamais eu de Syrien, précise Mme Thompson. Notre premier est attendu en janvier.»

D'autres réfugiés à Concordia

Des réfugiés syriens seront aussi admis à l'Université Concordia, qui annoncera sous peu la création du Fonds du chancelier pour les étudiants de première génération. La direction de l'établissement montréalais a confirmé hier à La Presse que le chancelier Jonathan Wener avait personnellement investi 50 000$, invitant d'autres donateurs à l'imiter afin d'augmenter le nombre de réfugiés qui viendront étudier à Concordia.

Dans un courriel à La Presse, le vice-recteur au développement et aux relations extérieures de l'Université Concordia, Bram Freedman, a souligné le «leadership» du chancelier Wener dans ce dossier.

En octobre dernier, Concordia avait annoncé un plan de parrainage en partenariat avec la Fondation des enfants syriens.