Il serait «maladroit» d'injecter de nouvelles sommes en éducation avant de rétablir les finances publiques, a affirmé vendredi le ministre François Blais, au moment où l'opposition a prévenu que les compressions dans son ministère heurtent de plein fouet les services aux élèves en difficulté.

M. Blais a convenu qu'il faut investir pour améliorer l'aide aux élèves, particulièrement ceux qui présentent des difficultés d'apprentissage. Mais pas dès maintenant, comme le réclame l'opposition.

«Ce serait très maladroit de la part du gouvernement de faire cela, a-t-il expliqué. On a un effort à faire, on doit le faire, on va y arriver. Je pense que le prochain budget va être intéressant. On va investir des sommes, mais de manière intelligente.»

Les sommes consacrées au ministère de l'Éducation ont augmenté de 0,2 % cette année, et elles grimperont de 1,6 % en 2016-2017. Le ministre s'attend à ce que le prochain budget soit «intéressant» pour les parents.

M. Blais a noté que les budgets consacrés aux élèves en difficulté ont augmenté au cours des dernières années. Il s'attend à ce qu'ils grimpent encore vu la complexité croissante des problèmes rencontrés dans le milieu scolaire.

Des commissions scolaires ont réduit certains services aux élèves pour composer avec les restrictions budgétaires au cours des derniers mois. Résultat: environ 250 professionnels de l'éducation - orthophonistes, psychoéducateurs, orthopédagogues, etc. - ont vu leurs postes abolis, a indiqué la présidente sortante de l'Association des orthophonistes et audiologistes, Marie-Claude Rousseau.

Mme Rousseau et deux présidentes de regroupements de parents ont tenu un point de presse aux côtés du député du Parti québécois, Alexandre Cloutier, pour presser le gouvernement libéral de réinvestir sur-le-champ dans les services aux élèves en difficulté.

M. Cloutier souligne que des parents doivent se tourner vers le privé pour obtenir les services dont leurs enfants ont besoin. Les plus démunis, eux, ne peuvent se permettre cette avenue.

«Ce que le gouvernement est en train de faire, c'est une forme de privatisation de l'éducation au Québec où les jeunes les plus défavorisés sont obligés de payer de leur poche pour avoir accès à des services parce qu'ils n'existent plus», a dénoncé M. Cloutier.

Il somme le ministre Blais d'exiger du premier ministre de nouveaux investissements dans son ministère, quitte à ce qu'il mette « ses responsabilités en jeu ».

«Sa responsabilité, à lui, c'est de défendre l'éducation au Québec, de mettre son pied à terre, de dire à son collègue au Conseil du trésor: En éducation, c'est fini, on ne peut plus, le réseau est à bout de souffle», a-t-il dit.

Les commentaires du ministre Blais ont par ailleurs fait bondir le député de la Coalition avenir Québec, Jean-François Roberge.

«C'est complètement aberrant de penser qu'il trouve ça imprudent d'investir en éducation, a dénoncé le député caquiste. Il y a des enfants, en ce moment, là, dont on est en train de compromettre le parcours de vie.»

Les compressions budgétaires heurtent de plein fouet les élèves, a-t-il dit. Une situation ironique considérant que Québec justifie ses politiques par son désir de ne pas imposer un fardeau financier aux générations futures.

«Je ne suis plus capable d'entendre le premier ministre dire que c'est pour les jeunes qu'il coupe en éducation, a dénoncé M. Roberge. Ce n'est pas pour les jeunes qu'il coupe en éducation. Quand il coupe en éducation, il coupe dans la jeunesse, pas pour la jeunesse.»