Le ministre de l'Éducation François Blais abandonne le projet de fusion de commissions scolaires. Contrairement à son prédécesseur Yves Bolduc, il ne croit pas que l'opération aurait permis de dégager des économies.

En marge d'une réunion du caucus libéral mercredi, M. Blais a annoncé que le projet de loi sur la gouvernance scolaire, attendu cet automne, ne comprendra pas de fusions ou de redécoupage des commissions scolaires. Ces fusions, sur lesquelles le gouvernement travaillait depuis des mois, sont reléguées aux oubliettes.

Des documents préparés par Québec faisaient miroiter des économies théoriques de 60 millions avec les fusions des commissions scolaires, dont le nombre devait passer de 72 à 46. Yves Bolduc avait déjà soutenu que chaque regroupement permettrait d'économiser au bas mot entre 500 000 $ et un million. « Mon prédécesseur avait peut-être estimé qu'il y avait des économies à faire, mais il n'y en a pas dans un processus forcé de diminution rapide », a plaidé François Blais. Le gouvernement Marois, qui voulait aussi fusionner les commissions scolaires, avait chiffré les économies à 125 millions d'ici trois à cinq ans, selon le budget Marceau de 2014.

« Il y avait des chiffres et des hypothèses qui avaient circulé, mais je trouvais que ces hypothèses, compte tenu du passé, de ce qui s'est passé il n'y a pas si longtemps au Québec, n'étaient pas assez robustes », a ajouté le ministre.

François Blais a rappelé que, selon le gouvernement Bouchard, la fusion de commissions scolaires réalisée à la fin des années 90 devait permettre des économies de 100 millions. Or l'opération a plutôt entraîné des coûts de 70 millions, a-t-il dit. Il reprend ici l'argument avancé par la Fédération des commissions scolaires pour s'opposer au projet du gouvernement.

Dans le projet de loi, le ministre conservera toutefois « le pouvoir de forcer une, deux ou trois fusions dans l'avenir si nécessaire, si les commissions scolaires n'atteignent pas un certain objectif en termes d'efficience ».

François Blais maintient que le rôle des commissions scolaires sera revu afin d'accorder plus d'autonomie aux écoles. Les élections scolaires seront également abolies comme prévu.

«J'ai décidé que ce (NDLR: les fusions) n'était pas l'essentiel de notre réforme, mais que c'était plutôt la gouvernance», a affirmé M. Blais. Il incite et se dit prêt à forcer les commissions scolaires à faire des regroupements de services, comme certaines le font déjà, afin d'améliorer leur efficience.

La Fédération des commissions scolaires du Québec «accueille avec prudence» les déclarations du ministre Blais. «Compte tenu de la démonstration rigoureuse faite par la Fédération et ses membres sur les coûts liés aux fusions à grande échelle, le ministre n'avait pas le choix de se rendre à l'évidence qu'il n'y aurait pas d'économies, et ce, comme nous l'avions toujours affirmé», affirme sa présidente Josée Bouchard par voie de communiqué. Elle relève toutefois que le ministre a précisé que des fusions de services ou de commissions scolaires pourraient être décrétées s'il le jugeait nécessaire. «Il s'agit d'une nuance importante qui doit nous inciter à ne pas tirer de conclusions hâtives», dit-elle. Mme Bouchard réitère par ailleurs que «la disparition des élus scolaires au suffrage universel serait une perte inestimable pour une société dite démocratique».

Pour le député péquiste Alexandre Cloutier, le ministre Blais a voulu faire « diversion» avec son annonce sur l'abandon du projet de fusions. «Vous avez un rapport qui fait la une de La Presse dans lequel on dit clairement que le ministre est directement responsable de coupures dans les services aux élèves, et (le) ministre sort en panique des éléments d'une réforme pour venir changer le sujet », a affirmé le porte-parole de l'opposition officielle en matière d'éducation.