Environ 200 professeurs attendus ces jours-ci à Ottawa à un congrès international sur l'éducation n'ont pas pu se rendre, leur demande de visa ayant été refusée ou non traitée par le gouvernement Harper.

S'il se dit reconnaissant pour les 248 visas qui ont été accordés, Fred van Leeuwen, secrétaire général de l'Internationale de l'éducation, ne cache pas sa déception devant les 209 autres qui ont été refusés ou non analysés.

En bloc, les dossiers de 145 Nigérians n'ont pas été analysés, selon M. van Leeuwen. Comme eux, 30 autres personnes - venant pour la plupart d'Afrique - n'ont jamais eu de nouvelles d'Ottawa.

Des enseignants habitant au Bangladesh, en Bolivie, au Pakistan, au Rwanda, en Haïti, en Afghanistan, au Ghana, entre autres, ont quant à eux essuyé un refus officiel.

Nancy Caron, porte-parole au ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration, soutient pour sa part que seulement 18 personnes auraient été refusées.

Elle rappelle que tout demandeur doit convaincre l'agent de visa qu'il a assez d'argent pour subvenir à ses besoins pendant son séjour au Canada, qu'il a suffisamment de liens avec son pays d'origine et qu'il entend quitter le Canada à la fin de son séjour.

Des craintes non fondées

M. Fred van Leeuwen comprend les craintes d'Ottawa. En même temps, il souligne que le Canada avait été choisi comme pays hôte du congrès parce que les organisateurs le croyaient ouvert et parce qu'ils s'étaient fait promettre par les autorités que les demandes seraient traitées avec célérité.

«Comme notre organisation paie les dépenses de tous les invités provenant de pays pauvres, poursuit M. van Leeuwen, nous avons payé nous-mêmes les demandes de visa. Idem pour les billets d'avion aller-retour de chacun, que nous devons avoir achetés avant de présenter une demande de visa.»

La tenue d'un tel congrès rapporte gros à la ville sélectionnée, soit près de 3 millions de dollars, selon M. van Leeuwen.

Stéphane Handfield, avocat en droit de l'immigration, trouve particulier que le gouvernement canadien ait carrément ignoré 175 personnes.

Certes, le gouvernement sait très bien que des personnes profitent de leur visa pour venir au pays et demander un statut de réfugié. En même temps, «on n'est pas ici dans la situation d'un couple qui vient de lui-même au Canada pour rendre visite à des amis. Ces gens sont quand même chapeautés par une organisation d'envergure».

L'Internationale de l'éducation est une organisation indépendante composée à 90% d'enseignants et de professeurs. Elle compte 32 millions de membres, issus de 190 pays, qui paient tous leur adhésion.