Les écoles en région peuvent souffler. Le gouvernement Couillard renonce à la pénalité financière imposée aux commissions scolaires pour les immeubles qui ne sont que partiellement utilisés, une mesure qui, déploraient de nombreuses écoles en région éloignée, menaçait leur survie même. La Commission scolaire de Montréal (CSDM), qui compte elle-même des dizaines d'immeubles excédentaires, aura du coup quelques coupes de moins à faire.

« Nous avons retiré la règle voulant que le financement soit coupé dans le cas des bâtiments utilisés seulement à moins de 50 % de leur capacité d'accueil », a dit Julie White, attachée de presse du ministre de l'Éducation François Blais, évoquant au passage l'impact que cela aurait pu avoir sur les écoles en région.

Volte-face ? Mme White souligne plutôt que le ministre Blais avait bien dit que les règles budgétaires allaient être révisées au besoin, ce qu'il a fait. De toute façon, a-t-elle dit, « les règles n'ont toujours pas été adoptées au Conseil du trésor » et ne sont donc pas officielles tant que cela ne sera pas fait.

Ces changements et délais ont amené hier la CSDM à reporter l'adoption de son budget 2015-2016, ce qui aurait dû être chose faite au conseil des commissaires d'hier. C'est dire que le fin mot sur les coupes ne sera connu que le 7 juillet, lors d'une séance extraordinaire du Conseil des commissaires. À la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (aussi sur l'île de Montréal), où les coupes risquent également de faire mal, c'est aussi en pleines vacances, le 30 juin, que tout se jouera.

Le report de l'adoption du budget a suscité la colère des syndiqués de la CSDM, qui ont chahuté le conseil des commissaires pendant quinze minutes. Le calme est revenu quand les commissaires se sont eux-mêmes levés et ont applaudi les syndiqués, leur faisant comprendre par là qu'ils partageaient leurs préoccupations quant à l'austérité.

«Le vent tourne»

Évoquant ce recul du ministre Blais sur les immeubles partiellement occupés, la présidente de la Commission scolaire de Montréal, Catherine Harel Bourdon, a ensuite déclaré qu'à son avis, « le vent tourne ».

« La mobilisation des parents et du personnel des établissements font en sorte que pour bon nombre de Montréalais, l'éducation est maintenant une priorité. »

Les derniers développements, a-t-elle dit, atténueront l'impact des coupes, mais ils obligent cependant la CSDM à reporter l'adoption du budget et sa demande à Québec de boucler un budget déficitaire, comme elle le fait depuis 2008.

Le transport scolaire dans le collimateur

Le transport scolaire des écoles à vocation particulière FACE, l'Atelier et Fernand-Seguin sera préservé pendant au moins un an, mais celui vers les écoles pour enfants handicapés ou présentant des problèmes d'apprentissage risque fort d'être aboli dans certains cas, a confirmé la présidente de la CSDM, Catherine Harel Bourdon. « L'enveloppe [pour le transport scolaire] est de 15 millions et il nous en coûte 19 millions pour l'assurer », a dit Mme Harel Bourdon. L'école Vanguard, qui accueille des enfants présentant de graves problèmes d'apprentissage, est la première touchée. Très enclavée, située sur Côte-de-Liesse, elle est très difficile d'accès en transport en commun. Les parents ont appris par lettre ces derniers jours que le transport scolaire pour leurs enfants serait aboli.