Les jours de Nadia Ghazzali à la barre de l'Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) sont comptés. Le gouvernement n'attend que la publication d'un rapport, très critique, de la Vérificatrice générale du Québec pour mettre fin au mandat que le gouvernement Charest lui avait confié au début de 2012.

À La Presse, des sources fiables indiquent que les faits allégués étaient suffisamment lourds pour que celui qui était ministre de l'Éducation en début d'année, Yves Bolduc, décide au début de 2015 de demander au Vérificateur de se pencher sur ce dossier. L'UQTR fera l'objet d'un chapitre dans le prochain rapport qui devrait être déposé avant la fin du mois de mai à l'Assemblée nationale.

Mme Ghazzali s'est fait dire, la semaine dernière, par la présidente du réseau des Universités du Québec, Sylvie Beauchamp, que « le lien de confiance était rompu ». Dans le réseau de l'UQ, semble-t-il, on déplore qu'il faille se rendre jusqu'à un désaveu du Conseil des ministres pour que la rectrice, au règne « complexe et difficile », décide de passer la main. 

« J'ai une université à gérer, un conseil d'administration et un ministre, a soutenu hier Mme Ghazzali. On verra en temps et lieu, le rapport sortira, le ministre prendra ses dispositions et moi aussi. C'est tout ce que je peux dire ! Le contenu de la rencontre est confidentiel. Si vous avez d'autres informations, c'est à vos risques et périls. »

La rectrice doit rencontrer aujourd'hui son conseil d'administration. Elle a eu accès au rapport préliminaire en provenance du bureau du Vérificateur général, « et c'est confidentiel ».

Relations difficiles

Dans le réseau de l'enseignement supérieur, on souligne qu'on ne parle pas de malversation, que la rectrice n'a pas pris de décisions pour son bénéfice personnel, mais on constate à Québec que ses relations avec son organisation sont problématiques depuis des années. Déjà, sous le règne du ministre péquiste Pierre Duchesne, les problèmes de l'UQTR clignotaient fréquemment sur le tableau de bord du ministre de l'Éducation, a-t-on appris.

À Québec, on avait constaté depuis longtemps des problèmes de gouvernance à l'UQTR. Déjà une étude de Raymond Chabot Grant Thornton commandée par le conseil d'administration constatait que le « climat organisationnel » y était déplorable.

Mme Ghazzali s'est aussi frottée à l'administration de l'UQ lors du transfert à Trois-Rivières d'une chaire dont elle était responsable alors qu'elle était à l'Université Laval. Le comité d'éthique et de surveillance de l'UQTR l'avait blâmée dans ce dossier. Elle avait alors engagé 900 000 $ de l'UQTR sans avoir l'aval de son conseil d'administration.

Au-delà de la « gouvernance », le Vérificateur s'est penché sur l'attribution de contrats. L'Université a cédé le contrat de Maninge Groupe-Conseil à la Ville de Drummondville, une infraction à la Loi des cités et villes, qui prévoit que tous les contrats de plus de 100 000 $ doivent passer par un système unique d'appel d'offres. Le mandat de 412 000 $ était à demi réalisé.

Autre problème, l'UQTR aurait surestimé ses clientèles à venir, des coûts de 300 000 $ qui ne seront pas assumés par le ministère de l'Éducation.