Le gouvernement Couillard tourne la page sur les élections scolaires.

Le ministre de l'Éducation, François Blais, a confirmé mardi son intention d'abolir les élections scolaires pour mettre en place une nouvelle gouvernance régionale, possiblement des conseils d'administration formés de «représentants du milieu».

Outrée, la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ) a aussitôt dénoncé un «recul démocratique» et exigé une rencontre d'urgence avec le ministre de l'Éducation.

«Il y a quelque chose là pour s'inquiéter, j'interpelle les parents, la population, nous sommes devant un fort recul démocratique, a lancé la présidente de la FCSQ, Josée Bouchard, en conférence de presse. Est-ce qu'on peut s'imaginer que des gens qui ont des intérêts particuliers sur ces conseils d'administration ne feront pas valoir leurs propres intérêts plutôt que ceux de la population?»

Mais le ministre croit que le système actuel a fait son temps. L'apathie, voire l'indifférence des citoyens pour l'élection des commissaires, a rendu marginale la valeur démocratique de l'exercice, a soutenu le ministre.

«J'ai dit ce que je pensais, je laisse une petite porte entrouverte (pour la discussion), mais pour moi, c'est terminé, a tranché M. Blais en point de presse en marge d'une réunion du caucus libéral. Je pense qu'il faut passer à autre chose.»

Au plus récent scrutin scolaire, en novembre dernier, le taux de participation au vote a été encore une fois anémique, ne passant pas la barre des 5%. Or, ce scrutin avait valeur de test pour la suite des choses, a rappelé M. Blais, reprenant la formule de son prédécesseur Yves Bolduc.

«Il faut se poser la question: est-ce qu'on va laisser l'équivalent de 2 milliards de dollars, 22% du budget de l'Éducation, dans les mains de personnes dont je ne remets pas en question la qualité, mais dont le pouvoir démocratique est si faible?», a soulevé le ministre.

En lieu et place des élections scolaires, le gouvernement veut créer une nouvelle instance de gouvernance régionale où siégeraient des personnes désignées, comme des représentants d'établissement, des parents et éventuellement des représentants des municipalités.

M. Blais est d'avis qu'il est possible de remplacer le système électoral par un autre système représentatif, y compris pour les commissions scolaires anglophones qui jouissent d'une protection constitutionnelle.

Dans l'avenir prévisible, les commissions scolaires continueront d'exister, mais elles seront nettement moins nombreuses avec les fusions que viendra officialiser un projet de loi. Le ministre espère que la réforme sera adoptée à temps pour la rentrée de 2016.

La présidente de la FCSQ concède que les élections scolaires ne font pas courir les foules, mais elle croit encore que la démocratie scolaire est nécessaire pour l'intérêt supérieur des élèves et qu'elle peut être améliorée, pas abolie.

«Est-ce que ça doit être révisé? Absolument, mais pour être renforcé», a dit Mme Bouchard, qui a déjà proposé de jumeler les élections scolaires avec les élections municipales dans l'espoir d'accroître le taux de participation des électeurs.

Mme Bouchard, qui a été avisée la veille des intentions du ministre, exige une rencontre expresse de la table Québec-commissions scolaires.

«C'est tellement subit tout ça. On doit rencontrer le ministre, on va se faire expliquer les choses, après on vous mettra au courant des décisions qu'on va prendre», a-t-elle dit à l'intention des journalistes.

Parallèlement à la gouvernance des commissions scolaires, le gouvernement libéral planche sur une vaste réforme de la fiscalité scolaire. La formule actuelle de taxation, qui recueille 20% du financement des écoles primaires et secondaires, est dans le collimateur.

«On regarde différentes possibilités, (mais) ce ne sera pas un changement complet, il y aura encore une taxe scolaire, à mon avis, pendant quelques années, mais on pense qu'on peut améliorer le système du point de vue de son équité», a dit le ministre Blais plus tôt en matinée dans une entrevue radiophonique.