«Tout ça s'essouffle et commence à ressembler à un baroud d'honneur», commente Jacques Hamel, professeur de sociologie à l'Université de Montréal et professeur associé à l'Observatoire Jeunes et Société.

À son avis, le fait que «tout tombe à plat, que ça vire au pétard mouillé et que les jeunes risquent de perdre la face» n'est peut-être pas étranger au fait que les choses dégénèrent. «Pour les manifestants, ça s'annonce mal, y compris à l'automne. Les syndicats risquent fort de se méfier des étudiants.»

Cela dit, à son avis, il y a quantité de bonnes raisons de sortir dans la rue. En éducation, partout, c'est la dèche, commente-t-il. À l'Université de Montréal, par exemple, «le budget qui sera adopté sera inférieur aux budgets précédents».

«Alors oui, selon moi, la tenue d'une grève en 2015 est justifiée, comme elle l'était en 2012, mais tout ça est trop mal ficelé. Les revendications vont dans toutes les directions, il n'y a pas d'arrimage avec les centrales syndicales...»

Cela apporte donc plus que jamais de l'eau au moulin de ceux qui remettent en question la légitimité même des grèves étudiantes. «Et cela, c'est sans précédent. Pourquoi ce qui était légitime autrefois, dans le temps des grèves menées par des gens comme Bernard Landry, ne le serait plus aujourd'hui?»

Un débat nécessaire

Quoi qu'il en soit, à tête reposée, sans doute faudra-t-il qu'il y ait débat à ce sujet, croit M. Hamel.

Cette idée fait écho à la recommandation qu'a déjà avancée l'ex-ministre Serge Ménard dans son rapport sur les événements du printemps 2012.

«La Commission estime nécessaire que la question du droit de grève des étudiants soit clarifiée et que l'on pose, comme c'est le cas pour les travailleurs, l'exigence d'un scrutin secret pour tout vote de grève après débat dans des assemblées où tous auront été convoqués», peut-on lire.

«Faut-il [...] clarifier le flou juridique entourant la question du droit de grève étudiant? est-il encore écrit. Si oui, il faut certainement éviter que les votes de grève soient, à l'avenir, régis par des procédures bancales, comme celles qui ont parfois eu cours dans certaines assemblées.»