Dans une classe de l'Université McGill, à Montréal, Ken Dryden se prépare à discuter du futur avec ses étudiants. Le visage du célèbre gardien de but et ancien député fédéral apparaît simultanément dans quatre autres classes à travers le Canada.

Il salue les quatre dizaines d'étudiants qui assistent chaque jeudi à son cours intitulé «Thinking the Future to Make the Future» à partir de Toronto, Calgary, Saskatoon et St-Jean, à Terre-Neuve.

Même s'ils sont aux quatre coins du pays, la technologie aide les étudiants à se sentir réunis. À l'Université Ryerson de Toronto, par exemple, des caméras à activation vocale pendent du plafond à l'avant et au fond du local avec des haut-parleurs et deux grandes télévisions diffusent des images du professeur Dryden et des quatre autres classes en direct.

Il n'y a pas que l'organisation de la classe qui rappelle la science-fiction. Le contenu des discussions aussi, car il concerne des évènements qui n'ont pas encore eu lieu.

«L'objectif est que les étudiants ne réfléchissent pas uniquement à leur propre futur, mais aussi à la façon dont ils le vivront au Canada et dans le reste du monde qui les entoure», a résumé M. Dryden à La Presse Canadienne avant le début de son cours, jeudi dernier.

Les enseignements de l'ancien député fédéral et ex-ministre du Développement social permettent aussi aux étudiants de mieux saisir les différences régionales qui existent au sein du Canada quand vient le temps de discuter d'enjeux aussi cruciaux que les soins de santé, les hydrocarbures ou les affaires autochtones.

Les travaux d'équipe réunissent donc des étudiants des différentes universités, qui doivent coordonner leurs horaires de travail en tenant compte des fuseaux horaires. «Cela nous force à sortir de notre bulle», résume Emily Gagné, de McGill.

Évidemment, la «classe du futur» n'est pas parfaite : parfois, la connexion n'est pas très bonne, ou alors ce sont les images et le son qui ne sont pas synchronisés. Et la discussion ne se déroule pas aussi naturellement que dans un local traditionnel. «Il peut être difficile de faire valoir votre point au bon moment quand il y a cinq universités qui peuvent répondre», fait remarquer Lucas Duffield, de l'Université de Calgary.

Il y a longtemps que Ken Dryden souhaitait donner un cours semblable. Il en a sérieusement amorcé la préparation à la suite de sa défaite aux élections fédérales de 2011. Quelques mois plus tard, «Thinking the Future to Make the Future» débutait à McGill, où il a été offert en exclusivité durant deux ans.

L'an dernier, l'Université de Calgary s'est jointe au projet. Cette année, les universités Ryerson, Memorial et de la Saskatchewan ont décidé de participer à l'expérience. «C'est ce que j'avais en tête, et cela n'arrive pas très souvent», fait remarquer l'ex-politicien.

Le professeur Dryden souhaite que son cours connecte des étudiants de toutes les provinces canadiennes d'ici 2017, année où le Canada célèbrera son 150e anniversaire.

Photo: PC