Bon nombre d'associations étudiantes espéraient que sous leur impulsion, les grands syndicats se lanceraient dans une grande grève sociale. Cela n'arrivera pas: très lourde de conséquences, la grève illégale est exclue tant à la CSQ qu'à la FTQ et à la CSN.

«Nous avons convenu que l'on ferait nos affaires chacun de notre côté, ce qui ne veut pas dire que nous ne sommes pas solidaires de nos luttes respectives», résume Daniel Boyer, président de la FTQ.

Comme M. Boyer, Louise Chabot, présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), fait remarquer que «les grandes centrales ne sont pas du tout rendues à l'étape de la grève sociale».

Les grèves étudiantes commenceront dans quelques jours. Les conventions collectives dans le secteur public, elles, n'arriveront à échéance que le 31 mars.

Avant de pouvoir faire une grève, observe Mme Chabot, un long processus de médiation et de négociations de services essentiels doit être respecté.

Quant à la grève illégale, elle est totalement exclue par les grands syndicats à court terme parce qu'elle serait assortie d'amendes très salées, observe Mme Chabot.

Jacques Létourneau, président de la CSN, tient le même discours, tout en faisant remarquer que chacun de ses syndicats CSN est autonome et qu'il peut en ce sens décider de lui-même de voter pour la grève.

«Mais même si un tel vote est pris en faveur de la grève - ce qui à ma connaissance s'est fait dans un ou deux cégeps chez nous -, ça ne veut pas dire pour autant que ces syndicats iront véritablement de l'avant.»

Brice Dansereau-Olivier, qui nous a rappelés au nom du Comité Printemps 2015, croit que les grandes centrales font erreur en ne se lançant pas aux côtés des étudiants.

Êtes-vous déçu? «On comprend leur réalité», répond M. Dansereau-Olivier.

Les grandes centrales participeront néanmoins à des manifestations prévues le 2 avril, le 11 avril et le 1er mai.

Comment interpréter ces sorties publiques?

Michel Grant, professeur associé à l'UQAM spécialisé dans les relations de travail, croit, lui, que ces journées de manifestations servent surtout pour les syndicats à tester l'eau, «à mesurer l'état de frustration des troupes et leur capacité à les mobiliser».

Pour le reste, marcher main dans la main avec les étudiants serait de toute façon très difficile ces années-ci, du fait que le leadership étudiant n'émane plus vraiment des grandes fédérations que sont la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) ou la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), mais semble plutôt relever d'un «anarchosyndicalisme» très diffus.

«Pour une grande centrale syndicale, dit M. Grant, il est plus difficile de s'associer très clairement à un mouvement étudiant quand on ne sait pas trop à qui on parle.» De fait, le Comité Printemps 2015 nous a signalé qu'il ne compte pas de porte-parole officiel, mais uniquement des militants.