Une école secondaire anglophone de Châteauguay a remplacé l'enseignant de français, langue seconde par un logiciel qui fait la classe à des jeunes de 5e secondaire. Un problème de recrutement, allègue la commission scolaire New Frontiers.

L'élève de l'école Howard S. Billings interviewé par le réseau CTV, qui a dévoilé cette affaire, ne trouvait pas à se plaindre. Depuis que c'est un logiciel de langue qui lui enseigne - le logiciel Rosetta Stone -, les cours n'ont jamais été aussi faciles, a-t-il dit à la caméra, et ses notes n'ont jamais été aussi bonnes.

Sa mère, elle, ne l'entend pas ainsi. Le logiciel, très clément, ne donne jamais de devoirs ni de leçons. Et le Ministère n'exige-t-il pas 100 heures annuelles de cours de français, langue seconde?

Il a été impossible de joindre hier le président de la commission scolaire New Frontiers. Trop occupé à préparer la réunion de parents d'hier soir, nous a-t-on dit.

Dans un communiqué, la commission scolaire New Frontiers a cependant confirmé qu'elle a de la difficulté à trouver un nouvel enseignant pour le cours de français, langue seconde, pour sa classe de 5e secondaire de l'école Howard S. Billings. «En fait, notre commission scolaire éprouve constamment des difficultés à trouver des enseignants de français, langue seconde», est-il écrit.

La commission scolaire ajoute que le recours au logiciel s'inscrit parfaitement dans les méthodes alternatives d'enseignement que privilégie cette école. Elle assure que les élèves seront parfaitement prêts pour leurs examens finaux, en juin.

Comme Les Jetson

Sylvain Mallette, président de la Fédération autonome de l'enseignement, croit que tout cela est un peu fort de café. «Ça me fait penser à la série télévisée d'animation américaine The Jetsons. Il y avait là-dedans un robot, Rosie, qui, omnipotente, faisait absolument tout dans la maison: la cuisine, les soins des enfants...»

Vrai, des écoles ont parfois du mal à recruter des enseignants dans une matière donnée, mais dans ce cas, relève-t-il, une commission scolaire peut toujours demander au Ministère une autorisation provisoire d'enseigner. Ainsi, quantité d'enseignants n'ont peut-être pas un baccalauréat en enseignement derrière la cravate, mais ils sont néanmoins autorisés à faire la classe s'ils sont titulaires d'un diplôme en littérature, par exemple.

«Et après, les commissions scolaires se demandent pour quelle raison certaines personnes souhaitent leur abolition!»

Richard Goldfinch, président de l'Association provinciale des enseignants du Québec pour les commissions scolaires anglophones, trouve cette histoire plutôt «épeurante».

Il est vrai, selon lui, qu'il peut être parfois difficile de retenir des enseignants. «Mais je me demande si on a fait un réel effort dans ce cas-ci», dit-il.

À son avis, cette anecdote en dit long sur le peu de valorisation de la profession enseignante.