Il vaut mieux inscrire son enfant à l'école privée si on veut lui donner toutes les chances de pouvoir rédiger un court texte dans un français acceptable à la fin de ses études secondaires.

Le constat paraît implacable: les jeunes finissants de cinquième secondaire ont une bien meilleure maîtrise du français écrit s'ils ont fréquenté une école privée, plutôt qu'une école publique.

C'est ce qui ressort clairement, une fois de plus, des plus récentes données compilées par le ministère de l'Éducation, qui vient de rendre publics les résultats officiels de l'épreuve unique 2014 de français écrit de cinquième secondaire.

Entre les deux réseaux, force est d'admettre que l'écart se creuse.En juin 2014, le taux de réussite de l'examen de français écrit des finissants du secondaire fréquentant le réseau public était de 74,5 %. Au privé, il était de 90 %.

L'écart atteint donc presque 16 points, soit trois de plus que l'année précédente. En 2013, le taux de réussite était de 79,6 % au public et de 92,5 % au privé.

Il est intéressant de noter que même si on s'en tient uniquement au réseau public, le nombre de jeunes finissants qui échouent le test de français a tendance à croître. On observe que le taux de réussite a chuté de cinq points en un an, passant de 79,6 % en 2013 à 74,5 % en 2014.

Depuis 2011, la performance du secteur public (qui était alors de 80,5 %) est en baisse constante. Au contraire, celle du secteur privé s'est toujours maintenue au-dessus de 90 %.

En clair, il faut conclure qu'un finissant sur 10 ayant fréquenté une école privée a échoué le test de français écrit, en juin dernier, alors que ce fut le cas pour un finissant sur quatre au secteur public.

Pourtant, le ministère de l'Éducation ne semble pas se distinguer par un excès de zèle ou l'application d'exigences démesurées.

Dans son texte de 500 mots, l'élève qui cumule 11 ans de scolarité peut commettre jusqu'à 14 fautes d'orthographe et conserver la mention «compétence acceptable».

Et ce, même s'il a tout le loisir d'utiliser un dictionnaire, une grammaire et un recueil de conjugaisons.

Son court texte devra comporter plus de 35 fautes d'orthographe pour que l'élève perde automatiquement 50 % des points.

L'épreuve écrite imposée aux jeunes de 5e secondaire consiste à écrire un texte d'opinion d'environ 500 mots sur un sujet donné. Ils ont 3 h 15 pour terminer le travail.

L'évaluation est axée sur la qualité de l'argumentaire et la compréhension du mandat (30 %), tandis que l'orthographe et la grammaire ne comptent que pour 20 % de la note finale. La cohérence du texte (20 %), la construction de phrases (25 %) et la qualité du vocabulaire utilisé (5 %) complètent le tableau.

La note de passage en français, qui cumule la cote obtenue en français écrit, en lecture et en expression orale, est de 60 %. Mais pour chacune des composantes, une note de 50 % suffit.

Le ministère mène présentement une analyse des résultats visant à comprendre pourquoi le taux de réussite fléchit d'une année à l'autre et pourquoi un tel écart se creuse entre l'école publique et l'école privée.

En fait, le taux de réussite varie beaucoup d'une école à l'autre et d'une région à l'autre, dans le réseau public.

Par exemple, la région de Montréal n'a pas enregistré une performance mémorable en juin dernier. Le taux de réussite de la Commission scolaire de Montréal a été de 69,6 %, ce qui signifie que seulement deux élèves sur trois ont passé le test avec succès.

À Montréal, l'École internationale a obtenu un score enviable de 95,9 %, tandis que l'École Eulalie-Durocher a dû se contenter d'un score de 43,9 %.

Dans le réseau privé, toujours à Montréal, le Collège Jean-de-Brébeuf (96,3 %), le Collège Jean-Eudes (98,8 %) et le Collège Mont-Saint-Louis (99,6 %) ont obtenu un score presque parfait.

À Québec, les élèves des écoles privées ont eux aussi une excellente maîtrise du français écrit, comme en témoignent la cote du Collège Jésus-Marie (97,9 %) et du Collège Saint-Charles-Garnier (94,7 %).

Le ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, n'a pas donné suite à une demande d'entrevue. Le ministre prépare présentement un plan d'action visant à revoir l'enseignement du français au primaire et au secondaire. Sa stratégie, qui devrait être connue sous peu, doit mettre l'accent sur la compétence à acquérir en lecture et en écriture.

Au secteur public, 328 écoles ont participé à l'épreuve en juin dernier, contre 128 provenant du secteur privé.