Des responsables de services de garde en milieu familial qui sont syndiquées à la CSQ ont fait la grève, lundi, pour tenter de faire débloquer leur négociation avec le gouvernement. Dans l'ensemble du Québec, des milliers de parents ont donc dû trouver une solution de rechange pour la journée.

Des membres de la Fédération des intervenantes en petite enfance (FIPE), affiliée à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), en ont profité pour faire la tournée de quelques bureaux de députés libéraux et ministres dans plusieurs régions du Québec, afin de les sensibiliser au travail effectué par ces responsables de services de garde en milieu familial.

En entrevue, la présidente de la FIPE, Kathleen Courville, n'a pu dire combien de ses 13 600 membres ont effectivement débrayé, lundi, mais elles étaient «des milliers», a-t-elle assuré.

La journée de débrayage de lundi était leur quatrième journée de grève. «On a dû sortir dans les rues plusieurs fois pour dénouer des impasses» dans la négociation, a expliqué Mme Courville.

Le mandat de grève qui avait été adopté comptait cinq journées. Les membres seront consultés après cette quatrième journée «pour déterminer la suite des choses», a noté Mme Courville.

Le principal point en litige porte sur la reconnaissance des heures de travail et la rémunération qui s'ensuit. Ces responsables de services de garde en milieu familial rapportent une semaine de travail de 50 heures, soit cinq journées de 10 heures, mais affirment qu'elles ne sont rémunérées que pour 35 heures.

Du côté gouvernemental, on a déploré le recours à cette autre journée de débrayage. «Priver les parents» du service de garde en milieu familial, «les prendre en otage ne changera pas la situation budgétaire du gouvernement du Québec», a affirmé en entrevue l'attachée de presse de la ministre de la Famille Francine Charbonneau, Léa Nadeau.

«C'est en étant à la table de négociation qu'on peut faire avancer les choses», a rappelé Mme Nadeau.

Les négociations avec le ministère de la Famille ne sont toutefois pas rompues; une autre date est prévue la semaine prochaine, a signalé Mme Courville.

«On est toujours en mode de négociation», a confirmé Mme Nadeau, du cabinet de la ministre de la Famille.

Dans plusieurs régions du Québec, des représentantes se sont rendues dans les bureaux de circonscription de députés libéraux et ministres, comme Yves Bolduc et Patrick Huot dans la région de Québec, et Pierre Reid en Estrie.

Mme Courville se dit désolée d'avoir dû exercer le mandat de grève. «La ministre aurait pu mettre tout en oeuvre pour que la journée de grève d'aujourd'hui ne se tienne pas, mais malheureusement on est dans l'obligation de dire que la ministre Charbonneau et le gouvernement libéral prennent eux-mêmes les parents, les familles et les responsables de services de garde en otage en nous ignorant», a-t-elle déploré.

La CSN représente également quelque 2000 responsables de services de garde qui sont syndiquées, mais celles-ci ne débrayaient pas lundi. Les négociations avec le gouvernement sont distinctes à la CSQ et à la CSN, car les deux organisations syndicales n'ont pas emprunté le même chemin pour faire valoir leurs revendications visant à améliorer le sort de leurs membres.

Ces responsables de services de garde affiliées à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) détiennent un mandat de moyens de pression pouvant aller jusqu'à la grève, mais elles ne l'ont pas encore exercé, a expliqué en entrevue la représentante syndicale Lucie Longchamps.

À ce jour, les syndiquées de la CSN ont plutôt recours à des moyens de pression administratifs. «On n'a pas utilisé de jours de grève encore. On a utilisé des moyens de visibilité. On a fait des actions dans toutes les régions que l'on couvre: on a envoyé nos diplômes à la ministre; on lui a montré qu'on était des femmes qualifiées et qu'elle n'avait pas raison de nous dénigrer sur la place publique, dans ses propos. Mais dans les jours qui vont suivre, les responsables de services de garde de la CSN vont continuer de façon administrative à se déployer sur le terrain et à démontrer notre volonté d'en venir à une entente», a affirmé Mme Longchamps.

De leur côté, aucune séance de négociation n'est prévue. «Quand il (le gouvernement) aura bougé et qu'il nous aura interpellées, ça va nous faire plaisir de retourner à la table de négociation. Mais présentement, ça ne donnait rien d'aller s'asseoir là; il ne bouge pas», a soutenu Mme Longchamps.

De leur côté, les responsables de services de garde syndiquées à la CSN demandent une compensation monétaire pour le fait qu'elles ont des congés en moins par rapport aux autres éducatrices des services de garde. Elles revendiquent l'équivalent de 5 pour cent, alors que le ministère de la Famille, selon Mme Longchamps, n'offre que 1 %, réparti en deux augmentations de 0,5 % pour avril 2014 et avril 2015.