L'Université du Québec à Montréal (UQAM) ambitionne de quitter le réseau public pour devenir une université à charte au même titre que l'Université de Montréal, l'Université Laval ou l'Université McGill. Du coup, l'UQAM pourrait se soustraire au gel des effectifs annoncé par le gouvernement, dont l'effet pervers est de créer «un système universitaire à deux vitesses», selon le recteur Robert Proulx.

Depuis qu'il est devenu recteur, l'année dernière, Robert Proulx a entrepris de faire la promotion d'un changement de statut pour l'UQAM. «Je ne remets pas en question le réseau de l'Université du Québec [dont l'UQAM est l'une des dix composantes]. Mais pourquoi faut-il qu'il y ait une structure lourde avec l'assemblée des gouverneurs et la commission de planification, par exemple, qui fait du rubber-stamping parce qu'elle n'a pas la capacité d'intervenir dans ce que font les universités? D'où la nécessité de revoir la loi», a expliqué hier à La Presse, M. Proulx.

L'idée que l'UQAM ainsi que ses homologues de l'UQ sont des universités à part entière et que leur autonomie devrait être reconnue par la Loi prend un tout nouveau sens avec la volonté du gouvernement de stopper l'embauche de nouveaux employés. Québec a déposé le projet de loi 15 sur la gestion et le contrôle des effectifs des ministères, des organismes et des réseaux du secteur public ainsi que les sociétés d'État. Seul le réseau UQ est concerné.

Deux poids, deux mesures

Le projet de loi 15 forcera l'UQAM à refuser des étudiants et favorisera les établissements concurrents, croit M. Proulx. «On ne pourra pas, de façon autonome, décider qu'il faut subvenir à des besoins nouveaux même si le nombre d'étudiants augmente, alors que les autres universités pourront le faire. Les étudiants qu'on va refuser iront donc dans d'autres universités. C'est ce qui s'appelle un système à deux vitesses», dénonce le recteur de l'UQAM.

Hier, Robert Proulx a pris la parole devant la communauté de l'UQAM réunie dans un auditorium (ou connectée sur le web). La question du statut de l'UQAM n'a été qu'effleurée. Il a surtout dénoncé les compressions budgétaires du gouvernement qui toucheront son établissement.

«Les temps qui viennent ne seront pas de tout repos, a-t-il dit. Je m'oppose à ce que les universités fassent partie du périmètre comptable du gouvernement. [...] Je ne suis pas et je ne serai jamais un fonctionnaire du gouvernement», a-t-il ajouté.

Au printemps 2013, M. Proulx a présenté un mémoire au gouvernement soutenant la nécessité d'éliminer le «double standard» selon qu'une université est dite à charte ou créée en vertu d'une loi publique. La différence se serait estompée, quarante ans après la création du réseau de l'UQ. «Tant les universités à charte que les universités de l'UQ poursuivent des finalités et des objectifs similaires», écrivait alors Robert Proulx, qui insistait sur le fait que toutes les universités partagent la même mission d'enseignement, de recherche et de service à la collectivité.

Selon le recteur de l'UQAM, il est loin, le temps où il s'agissait pour le gouvernement de répondre aux besoins des régions et d'élargir l'accès aux études universitaires chez les francophones. Le contexte a changé depuis 1969, l'UQ ayant accompli sa mission et les Québécois fréquentant désormais l'université, soutient-il.

Au cabinet du ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, on disait hier connaître les idées de M. Proulx. On rappelait toutefois qu'«il n'est pas envisagé de soustraire aucun établissement du réseau de l'UQ». Du côté de l'UQ, on s'est borné à dire que «l'UQAM est plus forte dans le réseau».