Le taux de participation «décevant» aux élections de dimanche conforte le ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, dans son intention de réformer les commissions scolaires.

De son côté, la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ) l'accuse d'avoir contribué à cette désaffection en menaçant de les abolir.

Lors du déclenchement des élections, Yves Bolduc avait lié l'avenir des commissions scolaires au taux de participation. Or, 4,85% des électeurs ont participé au scrutin, un résultat inférieur aux 7,9% enregistrés en 2007. Il conclut que «le statu quo n'est plus possible». «Une révision s'impose», a ajouté le ministre en conférence de presse, hier. 

Le faible taux de participation prouve selon lui que cette structure «ne reflète pas les attentes de la population, notamment à cause de sa lourdeur».

Il présentera au cours des prochains mois un projet de loi pour apporter «des changements significatifs quant à la gouvernance, au rôle et à l'organisation des commissions scolaires». 

Une telle mesure implique que les commissions scolaires demeureront, mais le ministre Bolduc a entretenu le flou en disant que tous les scénarios sont étudiés, y compris l'abolition de ces structures.

Mais, selon lui, les électeurs «n'ont pas demandé l'abolition» des commissions scolaires en boudant les urnes. «Le message que l'on reçoit, c'est que ça doit être revu en profondeur, et en temps et lieu, on annoncera comment on va le faire», a-t-il dit.

Le gouvernement Couillard a supprimé les directions régionales du ministère de l'Éducation peu de temps après son arrivée au pouvoir. Préserver un intermédiaire entre le ministère à Québec et les écoles paraît incontournable. 

Le ministre Bolduc a déjà fait savoir qu'il veut réduire les pouvoirs des commissions scolaires et augmenter ceux des écoles. Il veut «décentraliser» les décisions «au niveau de la classe et de l'enseignant», «alléger les structures» et «réduire la bureaucratie». 

Selon lui, «quel que soit le modèle» retenu, le droit constitutionnel de la minorité anglophone de gérer ses propres écoles sera respecté.

Le jeu de la CAQ

La présidente de la FCSQ, Josée Bouchard, reconnaît que le taux de participation est «décevant». Mais elle juge que les élections scolaires se sont tenues dans un contexte «très difficile», sous les «menaces» du gouvernement. 

Lors d'une discussion avec le ministre, hier matin, elle n'a pas «décodé» que les commissions scolaires disparaîtront. Les fusions seront au menu des discussions, selon elle. Elle est prête à participer à la réflexion, mais elle se dit «inquiète» que le gouvernement mette en oeuvre une réforme dans la précipitation. Abolir les commissions scolaires aurait un effet néfaste, selon elle. 

«Si les décisions viennent toutes du côté administratif et qu'il n'y a pas de représentant de la population, vous allez voir plusieurs petites écoles fermer, vous allez voir plusieurs programmes ne plus tenir dans les milieux défavorisés», a-t-elle soutenu. 

Elle réclame des élections scolaires simultanées avec le municipal.

L'opposition 

Comme le gouvernement Couillard, le Parti québécois constate que «le statu quo n'est pas acceptable». Il propose de fusionner des commissions scolaires et de modifier leur rôle pour qu'elles soient désormais des «accompagnatrices auprès des écoles». L'objectif serait de donner plus d'autonomie à ces dernières. 

De son côté, la Coalition avenir Québec accuse le gouvernement d'avoir dépensé 20 millions de dollars pour des élections scolaires qui étaient «une catastrophe annoncée». Selon elle, il faut transformer les commissions scolaires en centres de services et donner plus de pouvoirs aux écoles.