Alors qu'un projet de réforme tous azimuts qui permettrait à Québec d'épargner près de 1 milliard de dollars plane sur le milieu scolaire, le ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, a livré hier un vibrant témoignage de soutien à l'école publique devant un parterre pour le moins inquiet.

«L'école publique est un grand succès au Québec. Nous sommes rendus là où nous sommes grâce à sa performance. [...] Les services aux élèves sont l'essence même de son existence et ne peuvent être remis en question», a affirmé M. Bolduc à l'école Barclay, à Montréal, dans le cadre d'un rassemblement de la Fédération autonome de l'enseignement (FAE), qui célébrait le lancement de la sixième Semaine annuelle pour l'école publique.

Fusions entre certaines commissions scolaires ou abolition de celles-ci, même transfert de certains pouvoirs au municipal: les différents scénarios étudiés par le ministre placent le milieu de l'éducation sur ses gardes, a expliqué le président de la FAE, Sylvain Mallette.

«L'objectif de la Semaine pour l'école publique est de souligner ses succès. Mais nous travaillons dans un contexte particulier, où nos écoles évoluent avec des gouvernements qui se succèdent et qui imposent des compressions. Nous franchissons une limite, un point de rupture: il devient de plus en plus difficile d'accomplir la mission qu'on nous confie avec des ressources insuffisantes», a-t-il affirmé.

Des inquiétudes connues

Au cours des dernières semaines, la fédération syndicale de M. Mallette a rencontré le ministre Bolduc à deux reprises. «Il connaît bien nos préoccupations, a insisté M. Mallette. Mais il est membre d'un gouvernement qui fait des choix idéologiques. Si sa présence au lancement de la Semaine pour l'école publique est un bon signe, il faut maintenant que des gestes suivent», a dit le président de la FAE.

Le vice-président de la Fédération des commissions scolaires du Québec, Richard Flibotte, est aussi inquiet à la suite de certaines manchettes publiées ces derniers temps. S'il se dit ouvert à discuter avec Québec pour déterminer comment son réseau peut augmenter son efficience, la possibilité de perdre des responsabilités au profit des instances municipales le laisse perplexe.

«Nous travaillons par exemple avec les municipalités pour le partage de nos équipements de sport. Mais s'ils en deviennent responsables, se pourrait-il que les enfants écopent parfois sur la disponibilité du temps d'utilisation?», a-t-il ouvertement demandé.

Si les hypothèses de réformes à l'étude semblent nombreuses, les décisions ne seront pas annoncées prochainement, a répété le ministre Bolduc dans une mêlée de presse, hier.

«Il y aura des transformations au cours des prochaines années, mais nous voulons attendre la fin des élections scolaires, qui se tiendront le 2 novembre, pour nous asseoir avec nos partenaires et voir les modifications à apporter», a-t-il affirmé.