Après l'achat de livres et l'aide aux devoirs, c'est maintenant au tour de l'aide alimentaire dans les écoles de passer au couperet.

La commission scolaire des Samares, qui couvre le nord de Lanaudière et qui regroupe plusieurs des écoles les plus défavorisées du Québec, a fait ses calculs et en est arrivée à la conclusion qu'elle ne pourrait répondre aux compressions du gouvernement Couillard sans couper dans l'aide alimentaire offerte à ses élèves du secondaire et dans certaines mesures d'aide destinées aux enfants vulnérables.

Le tableau des «compressions budgétées» de cette commission scolaire en dit long sur les choix qui ont dû être faits. Ainsi, 27 203$ seront coupés dans l'aide alimentaire, qui, dans cette région, prend notamment la forme de petits déjeuners servis à l'école et de coupons souvent offerts aux enfants qui n'ont pas de lunch, le midi.

Selon nos informations, le budget total de l'aide alimentaire étant d'environ 190 000$, les écoles continueront de nourrir les élèves qui arrivent à l'école avec le ventre vide, mais selon François Breault, président du Syndicat de l'enseignement de Lanaudière affilié à la Fédération des syndicats de l'enseignement, «disons qu'il n'y aura plus beaucoup de fruits et de produits santé au menu».

Le programme Agir autrement, que le ministère de l'Éducation décrit sur son site internet comme une «stratégie pour contrer les écarts de réussite scolaire entre les milieux défavorisés et les milieux plus favorisés», sera l'un des programmes les plus touchés par les coupes. Dans les écoles secondaires de la commission scolaire des Samares, il sera amputé de 340 232$; dans les écoles primaires, de 32 835$.

Parmi les autres coupes annoncées dans cette commission scolaire, notons ici celle dans l'aide aux devoirs (-12 980$), dans les programmes d'incitation à la lecture (-320 585$) et dans les programmes encourageant la pratique des sports (-75 798$).

Comme les écoles disposent de tableaux blancs, les enseignants doivent savoir les utiliser. Les frais de formation à cette fin, cette année, seront de 82 647$.

Les élèves écopent 

Fait à noter, la commission scolaire des Samares n'ayant pas rappelé La Presse et son site internet ne fournissant pas l'information, il n'a pas été possible de savoir quelle part du budget total de chaque programme représentent les coupes projetées.

«Les trois quarts de nos écoles primaires se trouvent en milieu défavorisé. Au secondaire, c'est le cas de toutes les écoles, sauf celle de Joliette, signale François Breault, du Syndicat de l'enseignement de Lanaudière. Le ministère de l'Éducation nous dit que les services directs aux élèves n'ont pas à être coupés. Chez nous, même si la commission scolaire en est sûrement désolée, ça sera sérieusement le cas.»

Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement, est particulièrement frappée de voir que l'aide alimentaire compte maintenant parmi les services qui seront touchés. «C'est la première fois que je l'entends, dit-elle. Dans les milieux défavorisés, un petit déjeuner peut faire toute la différence dans la capacité d'apprentissage d'un élève, un avant-midi donné. Les coupes risquent de faire particulièrement mal dans les milieux défavorisés. Il ne faudra pas s'étonner, dans le futur, de voir les taux de décrochage augmenter dans ces écoles.»