Un nombre croissant d'élèves qui présentent de graves difficultés d'apprentissage cognent chaque année à la porte des cégeps. Sans financement accru, les institutions d'enseignement sont parfois incapables de bien répondre à leurs besoins, une situation qui épuise nombre de professeurs, déplorent directions et syndicats des cégeps.

«Nous vivons dans un contexte où le gouvernement a amélioré l'aide apportée à ces élèves aux niveaux primaire et secondaire depuis plusieurs années. Aujourd'hui, ils arrivent au cégep avec de bons dossiers scolaires, sans que nous ayons les ressources pour adapter nos services à leurs besoins», a expliqué à La Presse Jean Beauchesne, président-directeur général de la Fédération des cégeps.

Par exemple, un élève qui a un trouble envahissant du développement ou un grave problème de dyslexie pourrait devoir être placé dans un local isolé pour faire ses examens. Parfois, l'enseignant doit aussi  lui consacrer plusieurs heures supplémentaires pour expliquer différemment la matière, ou encore adapter ses méthodes d'évaluation.

«Aujourd'hui, ces élèves viennent 10 fois plus nombreux qu'avant, mais le financement n'a pas suivi la même courbe», a dit M. Beauchesne.

De son côté, le syndicat des enseignants dénonce le fait que cette situation engendre une accumulation de fatigue chez ses membres.

«Nos enseignants sont épuisés et ont accumulé une grande fatigue en raison de la surtâche à l'extérieur de la classe. L'encadrement qu'il faut assurer est important si l'on veut poursuivre vers la réussite», a expliqué le président de la Fédération des enseignantes et enseignants de cégeps (FEC-CSQ), Mario Beauchemin.

Qui veut aller en région?

Alors que les élèves commencent aujourd'hui leur trimestre d'automne, plusieurs autres défis attendent aussi le réseau collégial. L'un d'eux est la baisse démographique qui mène à la décroissance de l'effectif dans certains cégeps en région.

«À ce sujet, nous attendons avec beaucoup d'intérêt le rapport du Chantier sur l'offre de formation collégiale, le rapport Demers. Je pense qu'il y a plusieurs éléments intéressants, notamment sur la mobilité étudiante», a indiqué M. Beauchemin, qui presse le ministre de l'Éducation Yves Bolduc de rendre ce rapport public.

À ce sujet, la Fédération étudiante collégiale du Québec lancera cet automne une tournée des acteurs régionaux pour voir comment les cégeps peuvent notamment mettre en place des programmes d'excellence pour attirer davantage de jeunes à l'extérieur des grands centres.

Pour la Fédération des cégeps, le principal enjeu demeure aussi l'épineuse question du financement. Si l'éducation au cégep est gratuite, il serait intéressant que la contribution demandée aux élèves étrangers reflète davantage le coût de leurs études, a indiqué M. Beauchesne.