La rentrée scolaire est synonyme d'effervescence, mais le climat a rarement été aussi tendu dans les écoles du Québec. Alors que les élèves retournent en classe cette semaine, les syndicats et les commissions scolaires ont unanimement dénoncé aujourd'hui les plus récentes coupes budgétaires imposées par le gouvernement Couillard. Pour certains, un véritable « point de rupture » est désormais atteint.

Ici, les activités parascolaires de leadership et d'entrepreneuriat ont été annulées. Ailleurs, les contrats de professionnels engagés pour aider les enseignants avec les élèves en difficulté n'ont pas été renouvelés. Et, dans certains milieux défavorisés, la distribution de berlingots de lait à la récréation est sérieusement réduite.

« Nous sommes en train de vivre un véritable point de rupture qui affecte directement les services offerts aux élèves », a vivement dénoncé Josée Bouchard, présidente de la Fédération des commissions scolaires du Québec, en entrevue avec La Presse.

« Nous avions par le passé une certaine marge de manoeuvre pour octroyer des contrats supplémentaires à plusieurs professionnels qui aident à la réussite scolaire, mais les compressions que nous subissons rendent ces opérations parfois impossibles. [...] On est pris dans une vision comptable. Le ministre Bolduc était critiqué cette semaine [pour ses propos sur les bibliothèques scolaires], mais il fait partie d'une équipe qui vise le déficit zéro à tout prix. C'est ce qu'on dénonce », a-t-elle ajouté.

Un ministre de l'Éducation « à risque »

S'ils ne réclament pas pour l'instant la démission du ministre Yves Bolduc, une brochette de fédérations de professionnels de l'éducation affiliées à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) se dit profondément inquiète de sa « méconnaissance sérieuse » des enjeux de l'heure.

Réunis dimanche après-midi à la Grande Bibliothèque de Montréal, ces syndicats ont vivement dénoncé les coupes de près de 150 millions de dollars dans l'enveloppe destinée à l'appui aux élèves.

« On compromet les avancées que nous avons faites ces 40 dernières années », a affirmé Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE-CSQ).

« Encore une fois, les enseignants apprendront dans les prochains jours quels services et programmes seront coupés dans leur école. Notre message au ministre Bolduc est de consulter les gens sur le terrain. Nous ne voulons plus être des exécutants, mais des associés », a-t-elle martelé à plusieurs reprises pendant le point de presse.

Selon la présidente de la CSQ, Louise Chabot, le ministre de l'Éducation doit aussi donner dans les prochains jours « un sérieux coup de barre ».

« Sa méconnaissance du milieu et de la réalité dans nos écoles est assez consternante. Dans plusieurs déclarations, il a aussi manqué de jugement. Yves Bolduc est pour nous un élève à risque. [...] Alors que le Québec révise ses programmes, il doit mettre de l'avant que l'école aide à l'économie du Québec », a-t-elle défendu.

Du côté de la Fédération des commissions scolaires, on estime que le réseau public n'est plus en mesure d'absorber de nouvelles compressions. Cette année seulement, 38 commissions scolaires déclareront un déficit.

« Nous devons faire des ponctions qui touchent directement l'appui à la réussite. Tout ceci aura des impacts dans les classes, très certainement, mais aussi pour l'ensemble du milieu de vie des écoles. Ce sont des choix déchirants », a expliqué la présidente Josée Bouchard à La Presse.

La Fédération des commissions scolaires du Québec et les syndicats affiliés à la CSQ ont prévu de rencontrer le ministre de l'Éducation Yves Bolduc au cours du mois de septembre.

Photothèque Le Soleil

La présidente de la Fédération des commissions scolaires du Québec, Josée Bouchard