Devant la « fermeture totale » de Québec à la table de négociation, les 13 600 éducatrices en milieu familial affiliées à la CSQ feront la grève le 7 juillet.

« C'est une première journée de grève, a insisté la présidente de la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ), Kathleen Courville, en entrevue à La Presse jeudi. On augmente les moyens de pression parce qu'il y a un blocage à la table. » Les membres du syndicat ont voté en faveur d'un mandat de grève dans une proportion de 90 %.

Les négociations visent à conclure une deuxième entente collective entre Québec et les éducatrices en milieu familial. Le syndicat demande entre autres de revoir les relations entre les éducatrices en milieu familial et les 163 bureaux coordonnateurs - les CPE chargés de superviser la garde en milieu familial. Il réclame plus d'autonomie pour ses membres, entre autres dans l'application du programme éducatif et l'aménagement des locaux. Le syndicat a également déposé ses demandes monétaires le 13 juin, mais elles n'ont pas fait l'objet de discussions jusqu'ici. Il veut une reconnaissance des heures réellement travaillées, entre autres.

La FIPEQ-CSQ représente 13 600 des 15 000 éducatrices en milieu familial du Québec. Ces éducatrices accueillent 92 000 enfants.

La ministre de la Famille, Francine Charbonneau, déplore le recours à la grève. Elle a fait valoir qu'une rencontre de négociation se tient jeudi et que d'autres sont prévues dans les prochains jours. « Je trouve ça triste qu'on puisse prendre les enfants en otage en disant : « on va faire une grève et ça va régler le problème ». Je pense que c'est en se parlant qu'on règle les choses, pas en menaçant », a-t-elle affirmé en marge de l'étude des crédits budgétaires de son ministère en commission parlementaire à Québec. Elle a refusé de commenter les points litigieux.

Les négociations ont cours depuis le 15 octobre dernier. La convention collective est échue depuis le 30 novembre.

Plus de 100 millions de compressions

Québec fait des compressions de plus de 100 millions de dollars dans le réseau des centres de la petite enfance (CPE) et des garderies privées subventionnées. Leurs associations respectives en ont obtenu la confirmation du ministère de la Famille au cours des derniers jours.

Pour les CPE, les coupes atteignent 75 millions. Québec pige 45,6 millions dans leurs surplus accumulés, qui s'élèvent à 193 millions. Il gèle leurs subventions, une coupe de 20,5 millions lorsque l'on tient compte de la hausse des salaires et d'autres coûts de système. Contrairement à ce qui était prévu, Québec gardera dans ses coffres les revenus tirés de l'augmentation du tarif, qui passera de 7 à 7,30$ par jour le 1er octobre. Selon l'Association québécoise des CPE, ses membres sont ainsi privés de 8,9 millions. Dans le cas des garderies privées, les compressions sont de 32,4 millions. Québec coupe 2,8% dans leur budget de fonctionnement (15,2 millions), gèle leurs subventions (9,2 millions) et reporte l'engagement de réduire l'écart de financement entre elles et les CPE (8 millions).

L'Association des garderies privées prévoit cinq jours de fermeture, cet automne, pour protester contre les compressions.