Les membres de l'Association des garderies privées du Québec (AGPQ) ont voté hier pour des moyens de pression qui seront déployés à l'automne afin de protester contre les compressions imposées par le gouvernement.

Une manifestation monstre sera organisée un week-end de septembre. L'Association planifie également cinq jours de fermeture. «Mais on ne veut pas prendre les parents en otage. On va organiser ces journées avec les parents», affirme le président de l'AGPQ, Sylvain Lévesque.

Dans le dernier budget Leitao, le gouvernement a annoncé un gel des subventions versées aux garderies privées et une rationalisation de 2,8% des budgets de fonctionnement. Les sommes prévues pour les augmentations salariales des éducatrices ne seront également pas au rendez-vous, mentionne M. Lévesque. «On veut faire de l'argent sur le dos des éducatrices», dénonce-t-il.

Éviter les amendes

L'an dernier, les garderies privées avaient tenu une journée de grève pour protester contre les coupes du gouvernement Marois. Une moyenne de 28 000$ par année par garderie de 80 places devaient être retranchés du budget des établissements. Cette année, les compressions atteignent 62 000$. «Une garderie de cette taille fait en moyenne 100 000$ par année en profits. Retrancher autant d'argent est impossible», estime M. Lévesque.

La journée de grève de l'an dernier a coûté cher aux garderies privées. Une amende de 3750$ a été envoyée aux 214 garderies privées subventionnées qui ont fait la grève. Pour éviter de payer ces sommes, les garderies privées ont tenu d'autres journées de «grève», où leur établissement restait ouvert, mais où les parents étaient invités à ne pas y envoyer leurs enfants. La même tactique sera utilisée cette année.

Ministre irritée

Questionnée par La Presse sur les moyens de pression de l'AGPQ, la ministre de la Famille, Francine Charbonneau, s'est montrée irritée. Elle tenait une conférence de presse à Québec, hier, pour faire le point sur l'évacuation d'une garderie de Saint-Eustache en raison d'une émanation de monoxyde de carbone. «Je vous dirais bien honnêtement, et ça fait partie de mes qualités et de mes défauts: je trouve ça poche. Parce que je suis là pour vous dire qu'il y a vraiment une situation qu'il faut prendre en main et il faut rassurer les parents», a-t-elle dit, refusant de répondre aux questions.

Elle préfère attendre à l'automne, lorsque l'AGPQ mettra ses menaces à exécution, pour réagir. «Ils vous ont avisés qu'ils étaient pour faire des démarches, et au moment où ça va arriver, au mois de septembre, on va sûrement avoir le privilège de se parler», a affirmé Mme Charbonneau.