Les propriétaires de maisons et autres immeubles résidentiels doivent s'y résoudre: les hausses de taxes scolaires salées de l'année dernière sont là pour rester. Le remboursement promis par le gouvernement Marois est «difficilement faisable», a affirmé le ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, mercredi.

Cette année, le compte de taxes scolaires augmentera encore, mais de façon « raisonnable », selon lui. Il veut que les commissions scolaires adoptent une hausse qui, globalement, représente une indexation au coût de la vie.

Dans le budget 2013-2014, le gouvernement avait coupé le budget des commissions scolaires de 200 millions de dollars en abolissant un programme de péréquation. Or, estimant avoir déjà subi des coupes importantes dans les dernières années, elles ont refilé la quasi-totalité de la facture aux contribuables. Elles ont ainsi augmenté les taxes scolaires en moyenne de 14,9 %. Le gouvernement Marois a par la suite déposé un projet de loi pour forcer les commissions scolaires à rembourser aux contribuables 100 millions de dollars sous forme de crédit de taxe scolaire. Ce projet de loi n'a jamais été adopté.

Le Parti libéral avait condamné la hausse des taxes. Il accusait le gouvernement Marois d'avoir incité les commissions scolaires à refiler la note aux contribuables. Il doutait que, sous la gouverne du Parti québécois, les contribuables obtiennent un jour un remboursement. En campagne électorale, Philippe Couillard avait entretenu l'ambigüité sur ses intentions quant à un remboursement. Il s'était toutefois engagé à rétablir le programme de péréquation avec quelques modifications.

Mais revenir en arrière et imposer un remboursement, « c'est très difficile et très complexe parce que le Parti québécois a fait de ce dossier une vraie pagaille », a soutenu Yves Bolduc juste avant la réunion hebdomadaire du conseil des ministres, mercredi. « La réalité, c'est que c'est difficilement faisable. On est en train de regarder les solutions. » Une source libérale a affirmé qu'il n'y aura tout simplement pas de remboursement.

« L'important est d'avoir une approche cohérente et non pas l'approche qui avait été faite à l'époque par le Parti québécois : faire une annonce, demander des comptes et après ça réannoncer quelque chose qui n'avait pas de sens », a ajouté Yves Bolduc.

Comme le gouvernement Marois l'envisageait lui-même, les libéraux imposeront aux commissions scolaires des compressions d'environ 200 millions de dollars cette année - le chiffre n'est pas « définitif » , a déjà dit M. Bolduc. L'abolition progressive du programme de péréquation, prévue par le gouvernement Marois, pourrait être maintenue.

Selon les explications de M. Bolduc, le gouvernement s'entendra avec les commissions scolaires pour que l'augmentation des taxes scolaires soit « raisonnable ». « Chaque année, c'est normal qu'il y ait une augmentation en fonction de l'augmentation (de la valeur) foncière, mais ça doit être contrôlé. Mais pour l'ensemble des citoyens, ça représente l'équivalent (de la hausse) du coût de la vie », a expliqué le ministre.

Lors de la période des questions à l'Assemblée nationale, le chef caquiste François Legault a accusé le premier ministre Philippe Couillard de « renier sa parole » et de s'apprêter à « piger dans les poches des contribuables ».

« L'atteinte de l'équilibre budgétaire est une priorité absolument incontournable », a répondu M. Couillard. « Sur le plan du fardeau fiscal, je vais répéter ce que j'ai dit, et que je vais répéter aujourd'hui et que je répéterai encore demain, c'est que, dans notre esprit, et je pense que beaucoup de citoyens le comprennent, la priorité, c'est de rétablir l'équilibre budgétaire. Une fois cet équilibre budgétaire atteint, on utilisera les surplus, les marges de manoeuvre à moitié pour la dette, à moitié pour réduire le fardeau fiscal des citoyens. »