Des élèves d'une école alternative et d'une école primaire régulière, l'école Lambert-Closse, peuvent-ils se côtoyer dans les mêmes murs?

Dans le Mile End, la question soulève les passions. Des affiches «Non à la cohabitation» ont été collées un peu partout dans le quartier.

Une pétition a été mise en circulation et remise au dernier conseil des commissaires. Des courriels ont été envoyés aux médias.

Il y a plusieurs mois déjà, le conseil d'établissement de l'école Lambert-Closse s'est prononcé à l'unanimité contre ce projet d'école alternative en ses murs.

Son président, Yves Blanchet, explique en entrevue que la pédagogie des deux écoles est toujours perçue comme étant trop différente, celle de l'école alternative, supposant «des sorties régulières et des horaires différents».

Dans le texte d'une pétition déposée au Conseil des commissaires en avril, on évoque aussi, outre des considérations d'espace, des philosophies irréconciliables en raison, entre autres, «de règlements différents, d'horaires différents, de récréations régulières vs prolongées».

Éric Langlois, père de jumelles qui fréquentent l'école Lambert-Closse explique que déjà, ses deux filles comparent entre elles la quantité de devoirs et de leçons que leur imposent leurs enseignantes respectives.

S'il y avait au sein des mêmes murs une école «sans horaire ni structure, où les parents vont et viennent», il risquerait à son avis d'y avoir une nette démotivation, sans compter le risque que l'école explose en ayant en son sein deux établissements «en croissance illimitée».

Des relations hostiles

Au téléphone, l'une des personnes à l'origine du projet d'école des Possibles - une mère dont les enfants fréquentent l'école Lambert-Closse qui nous demande l'anonymat - fond en larmes.

Les pétitions, les affiches anticohabitation apposées un peu partout dans le Mile End et les échanges pas très chaleureux des derniers mois «avec d'autres parents qui nous voient comme une menace» et avec les membres du personnel «qui voient notre projet comme un désaveu» finissent par peser lourd, même si les enfants, eux, n'en paient pas le prix, se console-t-elle.

Les partisans de l'école des Possibles soutiennent que les parents de quelque 200 enfants ont manifesté un intérêt.

La pétition mise en circulation par les opposants au projet compte, elle, 174 signataires.

Un sondage a maintenant été demandé par la Commission scolaire de Montréal, qui aura le dernier mot.

Le genre d'enseignement de l'école des possibles

D'abord, une pédagogie axée sur la nature, avec des activités et des sorties extérieures quotidiennes. Les groupes seraient multi-âges. Il y aurait absence de devoirs obligatoires à la maison, très peu d'examens et tout serait fait pour que l'enfant apprenne à son rythme, peut-on lire dans les documents de l'école en gestation. Les élèves seraient libres d'élaborer leurs propres trajets d'exploration en apprentissage dans une atmosphère de coopération», est-il aussi écrit. En plus des matières de base, les arts, la musique, la cuisine et le jardinage seraient enseignés.

Retrait préventif: victoire des enseignantes suppléantes enceintes

Les enseignantes suppléantes enceintes pourront se prévaloir du même droit au retrait préventif qui est reconnu aux autres travailleuses enceintes, a tranché hier à l'unanimité la Cour suprême.

Le plus haut tribunal du pays a été appelé à se pencher sur cette question quand une enseignante suppléante s'est fait recommander par son médecin en 2008 de prendre un congé préventif, congé approuvé par la CSST.

La Commission scolaire des Patriotes s'y était opposée, estimant que l'enseignante n'avait pas le droit de bénéficier d'une telle protection.

La Cour suprême, elle, a jugé que les enseignants suppléants, des travailleurs au même titre que les autres, doivent eux aussi pouvoir bénéficier du programme de retrait préventif.