«Très, très, très content» de son nouveau mandat au ministère de l'Éducation, l'ex-ministre de la Santé Yves Bolduc se dit prêt à gérer deux ministères: celui de l'Éducation et celui de l'Enseignement supérieur, qui sera conservé. Qu'adviendra-t-il des droits de scolarité, du nouveau cours d'histoire au secondaire, des conclusions du Sommet sur l'enseignement supérieur? Le point sur les intentions du nouveau ministre de l'Éducation.

Q : Quelles sont vos grandes priorités à l'Éducation?

R : Notre priorité, ce sera les étudiants. Ce qu'on peut faire pour améliorer la réussite scolaire et la persévérance, et éliminer la violence et l'intimidation.

Q : En divulguant son cabinet mercredi, le premier ministre Philippe Couillard vous a demandé de réduire la bureaucratie. Où allez-vous couper?

R : On a dit qu'on abolirait les directions régionales [du ministère]. Des tâches peuvent être réparties différemment. On parle de supprimer environ 500 emplois dans les organisations bureaucratiques. On ne les coupera pas du jour au lendemain; ça va se faire de façon progressive au cours des quatre prochaines années, par attrition.

Q : Allez-vous couper dans les commissions scolaires?

R : Mon approche, ce sera de les rencontrer et de regarder les enjeux avec elles. On va écouter les gens, faire le point et discuter. Après, on regardera ensemble quelles sont les solutions de compromis pour atteindre nos objectifs.

Q : Philippe Couillard a nommé un seul ministre - vous - aux ministères de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, créés par le gouvernement péquiste dans la foulée de la crise étudiante. Les deux ministères seront-ils conservés ou fusionnés?

R : Je suis un ministre qui a deux ministères. Il n'y a pas de fusion. Les structures seront séparées, mais elles seront plus intégrées sur le plan de la philosophie, étant donné que c'est le même ministre.

Q : Certains observateurs ont été surpris de vous voir atterrir à l'Éducation. Êtes-vous à l'aise?

R : Je suis très, très, très content. Comme ministre de la Santé, j'étais en relation avec les universités et la recherche. C'est très complémentaire avec ce que je faisais auparavant. La santé, c'est important, mais la priorité demeure l'éducation, qui est probablement le premier déterminant de la santé.

Q : Est-ce vrai que vous avez refusé le poste de ministre délégué à la Santé pour ne pas être le second violon du nouveau ministre de la Santé, Gaétan Barrette?

R : Il se dit toutes sortes de choses, et c'est le genre de choses que les gens veulent qu'on garde confidentielles, d'un bord comme de l'autre. Quand M. Couillard m'a offert l'Éducation, je l'ai pris comme un signe de grande confiance. Et je pense que lui aussi était content que je le prenne.

Q : Lors de la campagne électorale, les recteurs des universités ont dénoncé publiquement le sous-financement des universités au Québec, qu'ils chiffrent à 600 millions par année. Partagez-vous leur estimation?

R : Je veux avoir l'évaluation du Ministère et rencontrer tous les recteurs. Avec les finances publiques actuelles, on sait que ce sera très difficile au cours de la prochaine année. Il y a des situations qu'on pourra aplanir et d'autres où on devra prendre des décisions.

Q : Allez-vous réinvestir dans les universités?

R : Mon plan est de mettre les investissements nécessaires pour que ça fonctionne bien. Il y a peut-être moyen aussi que les universités aillent se chercher de l'argent d'une autre façon, par leurs chaires de recherche ou auprès d'étudiants qui viennent d'autres pays.

Q : Vous engagez-vous à maintenir l'indexation actuelle des droits de scolarité?

R : On ne veut pas rejouer dans le film de l'affrontement avec les étudiants. On veut travailler en collaboration. Eux aussi doivent être conscients qu'on ne peut avoir un bon système d'éducation si ceux qui peuvent contribuer ne le font pas. Je ne peux pas faire de prédictions pour les dix prochaines années, mais actuellement, on vise l'indexation.

Q : Allez-vous tenir compte des chantiers qui font suite au Sommet sur l'enseignement supérieur organisé l'an dernier par le gouvernement péquiste?

R : Absolument. On va faire une synthèse de ça, puis regarder ce qui peut être utilisé et ce qui peut être bonifié.

Q : Qu'adviendra-t-il des nouveaux cours d'histoire nationale que le gouvernement péquiste voulait implanter dès septembre dans les écoles secondaires et les cégeps?

R : Je vais les retarder et en faire une analyse objective. L'objectif n'est pas de leur donner une autre teinte politique, mais de déterminer ce dont l'étudiant a besoin pour avoir une bonne formation.

Q : Le gouvernement de Pauline Marois a mis un moratoire sur le cours d'anglais intensif en 6e année instauré par le gouvernement de Jean Charest en 2011. Êtes-vous en faveur de ce cours?

R : Tout à fait. Mes garçons ont eu des cours intensifs en anglais et ça les a beaucoup aidés. Je pense que ça va aider tous les Québécois. Par contre, la priorité doit demeurer le français.

Q : En terminant, vos enfants ont-ils étudié à l'école publique ou à l'école privée?

R : Je suis issu d'une famille du Saguenay-Lac-Saint-Jean qui n'était pas très riche. Au primaire, je suis allé au public. Au secondaire, j'ai fréquenté le séminaire Marie-Reine-du-Clergé, à Métabetchouan, une école semi-privée. Mes deux garçons sont allés aux mêmes écoles primaire et secondaire que moi. Lorsqu'on a déménagé à Québec, mon plus jeune a terminé son secondaire à l'Académie Saint-Louis [un collège privé].