Vingt-trois classes spécialisées pour élèves présentant des troubles d'apprentissage, de comportement ou d'adaptation seront fermées par la commission scolaire de la Seigneurie-des-Mille-Îles à la rentrée. Une dizaine d'entre elles seront remplacées par des classes pour élèves suivant une formation en métier semi-spécialisé.

C'est ce qu'explique Dominique Robert, directeur général adjoint de cette commission scolaire qui regroupe, en gros, des écoles de villes situées le long de l'autoroute 640, au nord de Laval.

M. Robert évoque notamment des «modifications de classement» faisant en sorte que beaucoup d'élèves seront dirigés, à la rentrée, vers une formation de métier semi-spécialisé (pour devenir par exemple aide-concierge, aide-fleuriste ou commis de quincaillerie).

M. Robert ajoute, d'une part, qu'un moins grand nombre d'enfants évalués par des professionnels auraient besoin d'aide particulière et, d'autre part, que seulement une toute petite minorité d'enfants présentant des problèmes importants seront intégrés dans des classes ordinaires - soit 9 au primaire et 12 au secondaire.

Très peu d'enfants considérés comme ayant besoin d'être orientés vers une classe spéciale ont été refusés, dit M. Robert.

Dans son communiqué de presse dénonçant la fermeture de ces classes spécialisées, le Syndicat de l'enseignement des Basses-Laurentides s'étonne de la «guérison miraculeuse» des quelque

320 élèves en cause qui, à la rentrée prochaine, n'auraient soudainement plus besoin d'aide particulière.

«Pure fiction»

Sylvie Turgeon, coprésidente du syndicat, doute que le moins grand nombre de références pour des classes spécialisées soit le fruit du hasard. «On nous dit qu'il y a moins de références, mais est-ce possible qu'on bloque ces références à la source?»

Le syndicat qualifie aussi de «pure fiction» cet argument (aussi donné à La Presse) de la commission scolaire voulant que la disparition de plusieurs classes s'explique aussi par le fait que certains élèves passeront au secondaire.

Et alors, demande le syndicat? «Tous ces élèves qui formaient des groupes [au primaire] seraient disparus dans la nature? Ils auraient décidé de déménager massivement?»

«Les groupes de 10 élèves, c'est sûr que c'est plus cher qu'une classe de 30 élèves», lance Mme Turgeon.

Au surplus, le syndicat se demande s'il n'y aurait pas moyen d'aider davantage les élèves en difficulté pour qu'ils poursuivent leurs études au-delà du secondaire, plutôt que de viser pour eux les seuls métiers semi-spécialisés.

Selon Mme Turgeon, que cela se fasse directement ou par toutes sortes de subterfuges, il y aura nécessairement un nombre accru d'élèves en difficulté dans des classes ordinaires.

Cela pénalise d'abord les enseignants, dont la tâche se trouve ainsi alourdie, souligne Mme Turgeon. Mais cela se fait également «au détriment des élèves», aussi bien ceux qui ne reçoivent pas l'aide dont ils ont besoin que ceux dont l'apprentissage est ralenti par des élèves incapables de suivre dans une classe ordinaire.