Dans le contexte où les finances publiques sont déficitaires, le gouvernement du Québec peut remercier le réseau collégial privé de lui faire économiser jusqu'à 24 millions de dollars annuellement.

C'est ce qui ressort d'une étude préparée pour l'Association des collèges privés du Québec (ACQP) par le professeur émérite de sciences économiques à l'Université du Québec à Montréal (UQAM) Pierre Fortin, et par le professeur associé de sciences économiques à l'Université de Sherbrooke Marc Van Audenrode.

Si la subvention par étudiant accordée aux 25 collèges privés de la province était abolie, près de 80% de leur clientèle migrerait vers le réseau public, résume l'étude, que La Presse a obtenue.

«Le fait que ces étudiants retournent au secteur public coûtera cher à l'État», dit le directeur général de l'ACQP, Pierre L'Heureux.

Ainsi, puisque le gouvernement paie 10 472 dollars annuellement pour un étudiant du secteur public, mais 6544 dollars pour un étudiant qui fréquente le réseau privé (année de référence: 2010-2011), la migration vers les cégeps publics engendrée par une élimination de la subvention aux collèges privés coûterait 24 millions de dollars annuellement à l'État.

Efficacité

«Le deuxième élément important de l'étude est l'efficacité du réseau collégial privé. Nos étudiants terminent en plus grand nombre et plus rapidement leurs études collégiales. [...] Cela génère jusqu'à 400 millions dans l'économie québécoise annuellement, car ce sont des gens qui paient des impôts, font l'acquisition de biens et participent à l'économie du Québec», ajoute M. L'Heureux.

L'ACQP explique qu'elle n'a pas commandé cette étude par crainte de perdre ses subventions gouvernementales, mais bien pour clarifier certaines croyances, notamment celle voulant que le collégial privé serve d'abord à une classe socio-économique aisée.

«Or, ce n'est pas le cas», affirme Pierre Fortin, l'un des coauteurs de l'étude.

«Les élèves des cégeps privés sont moins riches que ceux des cégeps publics. [...] Ils sont plus nombreux à recevoir des bourses et ont des besoins financiers en plus grande proportion que dans les cégeps publics», explique-t-il.

«La flexibilité que tu te donnes avec un petit secteur privé fait aussi en sorte que l'innovation pédagogique se fait dans le privé, et que le public copie ou tente de faire mieux par la suite. Ça nous permet d'innover», affirme M. Fortin.

«J'irais même jusqu'à dire que notre secteur de l'éducation enseigne au secteur de la santé ce qu'il faut faire», conclut-il.