Le principal défi des étudiants qui entament leur parcours universitaire est la maîtrise des compétences de base en écriture et en mathématiques, a expliqué à La Presse le vice-recteur et vice-président aux affaires académiques de l'Université Concordia, Benoit-Antoine Bacon. Pour améliorer son taux d'obtention de diplôme, l'établissement d'enseignement en a fait sa priorité auprès des étudiants nouvellement admis.

Q. Quelle évaluation faites-vous du taux d'obtention de diplôme de l'Université Concordia et quels sont vos défis afin de l'améliorer?

R. Notre taux d'obtention de diplôme se situe près ou même au-delà de la moyenne nationale. Nous en sommes très satisfaits. On peut toutefois toujours faire mieux et nous travaillons fort pour l'augmenter. Pour ce faire, nous faisons face à des défis financiers et académiques. Les plus gros défis pour les étudiants qui entament leurs études - non seulement à Concordia, mais dans toutes les universités - sont l'écriture et les mathématiques. [...] Parfois, les mathématiques que l'on considère comme de base posent un problème. Pour améliorer notre taux d'obtention de diplôme, l'enjeu se pose en première année d'études, lorsque les habiletés de base des étudiants ne sont pas tout à fait à niveau.

Q. En ce qui concerne le taux d'obtention de diplôme des étudiants à temps plein, on remarque qu'un écart demeure entre l'Université Concordia et les universités de Montréal et McGill. Comment expliquez-vous cela?

R. Une explication possible est que les étudiants de première génération [NDLR: un étudiant dont aucun des parents n'a étudié à l'université[ sont plus susceptibles de venir à Concordia. Ces personnes ont des défis particuliers du fait qu'elles ont connu un cheminement académique moins traditionnel. Certains, par exemple, ont déjà un certain âge, des familles, des engagements financiers ou des emplois qui demandent plusieurs heures par semaine. Nous avons à Concordia des étudiants qui travaillent à temps plein, soit 25, 30 ou 35 heures semaine, pour faire vivre leur famille. C'est un facteur qui joue sur notre taux d'obtention de diplôme.

Q. Comme ailleurs, le taux d'obtention de diplôme des étudiants à temps partiel est moins élevé que celui des étudiants à temps plein. Quels programmes mettez-vous en place afin de les aider dans leur cheminement scolaire?

R. Il faut se rappeler qu'environ le quart de nos étudiants le sont à temps partiel. Ça fait partie de notre histoire que de permettre à des gens aux cheminements académiques non traditionnels de se démarquer et d'améliorer leurs conditions de vie. Nous travaillons cette année sur des stratégies pour essayer de faciliter l'accès à des cours supplémentaires, ou même de se rendre à temps plein, pour ceux qui étudient à temps partiel. Nous travaillons aussi afin d'améliorer notre offre en garderie, pour permettre aux étudiants qui ont de jeunes enfants de suivre plus de cours. [...] On ne peut toutefois pas présumer que tous les étudiants à temps partiel suivent leurs cours dans le but d'obtenir un diplôme. Certains sont à la recherche d'un emploi. Si, au cours de ses études, l'étudiant se trouve un travail, il est possible qu'il arrête ses études. Ce n'est pas un échec, mais au contraire un succès.

Q. Avez-vous une cible concernant le taux d'obtention de diplômes pour vos étudiants à temps plein?

R. Pour ces étudiants, je crois qu'il est tout à fait envisageable de continuer d'augmenter leur taux d'obtention de diplôme légèrement. Il y a toutefois des limites, les gens ont des vies compliquées. Au maximum, on pourrait peut-être augmenter de quelques points de pourcentage jusqu'à environ 80%, si notre stratégie académique connaît du succès.