En réponse à la concurrence du privé, les écoles secondaires publiques multiplient elles aussi les programmes et les concentrations, ce qui fait en sorte que plusieurs établissements sélectionnent maintenant leurs élèves.

Les écoles publiques doivent répondre à la demande, explique le porte-parole de la Commission scolaire Marguerite- Bourgeoys, Jean-Michel Nahas. Elles perdent de 30 à 40% de leurs élèves au profit du privé. «Les parents nous disent qu'ils veulent envoyer leurs enfants au public, mais ils veulent des programmes internationaux, enrichis, des programmes spéciaux sur des thématiques comme l'informatique ou le théâtre. Pour donner ces programmes, il faut faire une forme de sélection.»

Forte demande

Cette sélection varie d'un endroit à l'autre. Les écoles internationales font passer un examen de mathématiques, de français et de connaissances générales.

Les élèves sont plus nombreux à faire une demande qu'il n'y a de places disponibles. Dans certains programmes, que ce soit un programme d'excellence, enrichi ou de douance, les élèves doivent aussi passer un examen de mathématiques, de français et de connaissances générales. Dans certaines écoles, toutefois, la direction se fie aussi beaucoup à la recommandation faite par le professeur de 5e année de l'enfant pour faire sa sélection. «On préfère cette façon de faire, parce qu'on est conscient qu'à l'examen, l'élève peut avoir une mauvaise performance s'il est trop stressé», indique M. Nahas. Selon les concentrations, les élèves peuvent également être soumis à des entrevues, des auditions, ou être appelés à rédiger une lettre d'intérêt. L'école cherche à voir les motivations de l'élève et son cheminement pour être certaine de lui offrir ce qui lui convient le mieux, explique Alain Perron, porte-parole de la Commission scolaire de Montréal. «Les programmes à vocation particulière ne sont pas magiques, mais ils viennent accrocher les jeunes», ajoute-t-il. Il n'est pas question d'écrémage, affirme pour sa part Marie-Claude Huberdeau, directrice de l'école secondaire Saint-Georges, à Senneville. «Nous plaçons l'enfant là où il va être avantagé académiquement», dit-elle. Elle précise que peu importe que l'élève soit «au régulier, dans la concentration théâtre ou le programme d'excellence, ce sont les mêmes enseignants qui travaillent auprès des jeunes».

Pour faire connaître ses écoles secondaires sans dépenser en publicité, le réseau public fait de plus en plus de promotion dans les écoles primaires du quartier. Des élèves du secondaire vont rencontrer les élèves de 5e et de 6e année. Ils font des prestations de théâtre ou de danse et organisent des matchs sportifs. La direction de l'école Saint-Georges organise même des rencontres avec les parents. C'est une nouvelle initiative. «On présente nos services, puis on crève l'abcès sur les préjugés envers les écoles publiques », explique Mme Huberbeau. Ça semble fonctionner. Le nombre d'élèves qui se sont présentés aux examens d'admission a augmenté de 20% cette année.