Toutes les familles qui ont un enfant en 6e année le savent: l'automne est une période intense, puisque c'est le temps de choisir une école secondaire. La compétition est rude entre les écoles, surtout au privé. Elles multiplient les programmes et peaufinent leur image pour attirer les élèves.

Pour se démarquer, les écoles ne doivent plus seulement offrir un enseignement de qualité. Elles doivent innover et offrir des programmes variés et attrayants. C'est particulièrement le cas des collèges privés.

Une situation qui accentue le degré de stress vécu à l'automne, lorsque la ronde des portes ouvertes et des examens d'entrée commence pour les élèves et leurs parents qui «magasinent» une école.

Examens d'admission, examens de classement, entrevues, lettres de motivation, les élèves de 6e année sont soumis à une forte pression pour être admis dans l'école et le programme de leur choix.

Le pari de l'accessibilité

Le collège Charles-Lemoyne, sur la Rive-Sud de Montréal, a fait le pari d'être accessible à tous. «Lorsqu'on entend que le privé sélectionne tous ses élèves, c'est faux», affirme le directeur général de l'établissement, David Bowles.

Dans ce collège, le plus gros au Québec, tout comme dans plusieurs autres écoles privées, les élèves sont soumis à un examen de classement.

Pour être admis, il faut réussir son primaire. L'équipe de direction se base principalement sur les bulletins de 4e et 5e année. L'examen sert à classer les enfants dans le groupe qui leur convient: un groupe enrichi, ordinaire ou avec appui pédagogique pour ceux qui ont besoin d'un peu plus de soutien.

La décision de parler d'examens de classement et non d'admission a été mûrement réfléchie. L'image est importante. Des écoles qui ne prennent que les meilleurs élèves peuvent paraître plus prestigieuses pour certains parents.

«Dans la perception d'un certain pourcentage de la population, c'est important que le collège privé qu'ils choisissent projette une image de performance», reconnaît M. Bowles.

Mais le stress que vivent alors les enfants n'en vaut pas la peine, ajoute-t-il, surtout que ça ne change rien à la qualité de l'enseignement offert. «Dans notre cas, on ne pense pas qu'il est nécessaire de rendre la vie difficile à un enfant de 6e année juste pour projeter une image de haute performance.»

Le processus d'admission varie d'une école à l'autre. En général, les examens permettent de vérifier les connaissances en mathématiques et en français. D'autres écoles font aussi passer un examen de connaissances générales et de logique et, dans certains cas, un test de QI.

Certaines prennent les élèves qui ont les meilleurs résultats, d'autres font une pige, d'autres donnent la priorité aux élèves qui ont un frère, une soeur ou un parent qui a fréquenté l'école. Plusieurs ont aussi des listes d'attente.

L'élitisme devenu minorité

L'école ultra sélective est devenue la minorité, surtout à l'extérieur de Montréal, estime toutefois Édouard Malenfant, directeur général du collège Saint-Jean-Eudes, à Québec.

«On a tendance à voir le privé comme un seul bloc, comme s'il n'y avait pas de différences entre les écoles privées. Oui, il y a des écoles qui maintiennent la prérogative de la sélection des élèves, ça fait partie de leur projet éducatif d'être élitistes, et elles l'assument complètement, mais c'est loin d'être la majorité», dit-il.

Si l'élève n'est pas accepté dans son premier choix de programme, il l'est souvent dans son deuxième choix. Il est rare qu'une école refuse totalement un élève, à moins qu'il n'ait des difficultés d'apprentissage majeures qui nécessitent des ressources que l'école n'a pas, indique M. Malenfant.

«Peu d'écoles peuvent se permettre le luxe de refuser des enfants en fonction de leur dossier scolaire.»

Avec la baisse démographique, le nombre d'élèves au secondaire a chuté dans les dernières années. Les écoles privées ont dû se démarquer encore davantage pour attirer les jeunes.

Elles se paient des publicités dans les médias, les autobus ou sur de grands panneaux le long des voies rapides.

«La démographie fait en sorte que pour que les écoles puissent survivre, il faut qu'on remplisse nos classes», explique Nancy Desbiens, directrice générale du collège Jean-Eudes, à Montréal.

L'élève et le parent en bénéficient, ajoute-t-elle. «Ça force les collèges à se démarquer, à en faire plus pour leurs jeunes, à les accompagner différemment. L'offre de services est de plus en plus intéressante pour les parents.» Les programmes offerts comptent beaucoup quand vient le temps de choisir une école. Cela ressort clairement dans le sondage que le collège Charles-Lemoyne mène régulièrement auprès des élèves et de leurs parents.

«Quand on les questionne sur les raisons pour lesquelles ils choisissent notre école, la plus importante est le choix de programmes», indique le directeur général, David Bowles.