Le taux de décrochage des jeunes de moins de 20 ans a chuté de 4% au cours des dernières années et s'établit désormais à 26%.

Si un vent d'optimisme souffle sur ceux qui cherchent à accroître la persévérance scolaire, des experts estiment que la partie la plus difficile du travail est à venir.

«On a fait le travail qui était le plus facilement réalisable. On va maintenant se buter à des réalités socio-économiques qui ne concernent pas que le milieu de l'éducation», a indiqué hier le président de BMO Groupe financier Québec, Jacques Ménard, qui a créé en 2008 le Groupe d'action sur la persévérance scolaire après avoir publié un essai sur la question.

M. Ménard est aussi coprésident des Grandes Rencontres sur la persévérance scolaire (GRPS), qui rassembleront 1500 participants du 4 au 6 novembre au Palais des congrès de Montréal, sous le thème de la petite enfance.

L'organisation a dévoilé hier les résultats d'un sondage Léger mené pour la Fondation Lucie et André Chagnon sur la perception des Québécois par rapport à la persévérance scolaire. En tout, 40% des répondants craignent que leur enfant ne termine pas leurs études secondaires.

Jacques Ménard dénonce le fait que peu de ressources sont attribuées aux écoles primaires afin de cibler les enfants qui présentent des difficultés d'apprentissage.

«Il faut plus de spécialistes dans les écoles. [...] Effectivement, ça coûtera plus cher, ou il faudra voir comment on alloue les ressources. Mais les commissions scolaires peuvent jouer un rôle intéressant pour diagnostiquer, calibrer et distribuer les ressources. Je ne suis pas de ceux qui croient qu'on doit les abolir»,

a-t-il indiqué.

«Si on peut dépister rapidement un jeune à risque qui a besoin d'un suivi particulier, on arrivera à le stimuler, le socialiser de façon telle qu'il ne soit pas effrayé par les lettres et les chiffres», explique M. Ménard.

Les garçons se rattrapent

Les garçons ont toujours plus de mal que les filles à terminer leurs études secondaires. Avant l'âge de 20 ans, le taux de décrochage de ce groupe dépasse les 30% dans certains milieux défavorisés.

Or, l'écart entre les filles et les garçons se rétrécit, constate Pierre Fortin, professeur émérite au département des sciences économiques de l'Université du Québec à Montréal (UQAM).

«Les projets mis en place par les communautés de base, les professeurs et les directions d'école fonctionnent. C'est vraiment l'entrepreneuriat scolaire qui est en route, et c'est fantastique. Les solutions viennent de la base, pas de Québec», indique l'économiste.

Un exemple qui a profité aux garçons est le régime de travail-études mis en place dans certaines écoles, soutient M. Fortin. Les élèves étudient trois jours par semaine, puis travaillent dans des entreprises locales le reste du temps. Le ministère de l'Éducation était au départ contre une telle mesure, mais des projets-pilotes ont prouvé la pertinence de cette approche, dit-il.

«Un autre élément qu'il faut considérer est le taux de raccrochage scolaire dans la vingtaine et la trentaine. Les jeunes adultes qui n'ont pas de diplôme d'études secondaires retournent sur les bancs d'école. À 44 ans, seulement 10% des Québécois n'ont toujours pas de diplôme», ajoute le professeur de l'UQAM.

«L'optimisme est tout à fait justifié. Le décrochage baisse, et ça avance. On peut s'en réjouir.»

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Une version précédente de ce texte indiquait que le taux de décrochage au Québec était de 16%. Or, il se situe plutôt à 26%, comme l'indique cette version en ligne. Nos excuses.