Le projet de charte des valeurs québécoises divise le réseau des centres de la petite enfance (CPE). Il rencontre une forte opposition à Montréal, alors qu'il serait mieux accueilli en région.

Des débats internes secouent le plus important regroupement national des CPE, l'Association québécoise des CPE (AQCPE). « On a sondé nos membres, et les positions sont très différentes d'une région à l'autre, ça c'est clair », a affirmé la directrice des communications, Viriya Thach, hier. « On doit dégager un consensus, et ce n'est pas facile comme travail. » Résultat : l'AQCPE n'a toujours pas de position officielle sur le projet de charte.

Le Regroupement des CPE de l'île de Montréal (RCPEIM) a toutefois déjà fait savoir son opposition à l'idée d'interdire le port de signes religieux ostentatoires dans les CPE. « Le fait qu'une éducatrice porte le voile ne dérange absolument pas la qualité du travail », estime Martine Rocher, directrice générale du CPE Mon Univers. Elle a à son emploi une éducatrice qui porte le hijab et en a eu d'autres dans le passé. « Ça n'a jamais causé de problème » ni mené à des plaintes de parents, a-t-elle souligné. « Le CPE, c'est une porte d'entrée sur le marché du travail » pour plusieurs femmes immigrantes, dont des musulmanes. Et le projet de charte « risque de les exclure », a-t-elle ajouté.

Elle s'explique mal que les CPE, qui ont un conseil administration et qui sont considérées comme des « corporations autonomes » par le gouvernement, ne peuvent utiliser le droit de retrait prévu à la charte comme les universités ou les cégeps.

L'Association des garderies privées du Québec (AGPQ) déplore également ce « deux poids deux mesures ». « Ça soulève des inquiétudes chez nos membres. Le gouvernement est en train de diviser les Québécois », a lancé son président, Sylvain Lévesque. Il n'a jamais entendu parler de plaintes au sujet du port de signes religieux.