Oubliez l'image du cégépien qui se la coule douce pendant deux ans. De nos jours, un cégépien, c'est habituellement sérieux, un brin angoissé, et ses parents peuvent être convoqués à une réunion. Comme au primaire.

C'est du moins le cas au Collège de Maisonneuve, où c'est la rentrée cette semaine comme dans 14 autres cégeps du Québec.

Dans cet établissement, un millier des 2300 nouveaux inscrits sont attendus ces jours-ci à des ateliers préparatoires facultatifs portant sur divers thèmes: la gestion de stress, le yoga comme outil de bien-être, le choix d'une profession quand on n'a aucune idée de ce que l'on veut faire de sa vie, la cote R, le plagiat et tutti quanti.

Comme l'explique Brigitte Desjardins, directrice des communications au Collège de Maisonneuve, autant les jeunes s'apparentent «à des consommateurs avertis» qui s'informent à fond au préalable sur les cégeps et leurs programmes, autant ils ont besoin d'être guidés une fois sur place.

L'objectif avoué du Collège de Maisonneuve: tout mettre en oeuvre pour éviter que la première session ne se termine par un échec.

Et oui, on organise même des réunions avec les parents qui se tiennent dès juin. Très courues, elles visent à calmer leurs angoisses à eux aussi.

Mon Dieu, mon Dieu, la drogue?

«Non, non! répond Mme Desjardins. Les parents sont eux-mêmes d'anciens étudiants de cégep et ce n'est plus une inquiétude pour eux aujourd'hui! Non, ils s'inquiètent plutôt de ne plus être à même d'accompagner autant leur enfant dans son parcours scolaire.»

Cette rencontre est aussi l'occasion de passer des messages aux parents, de leur dire d'éviter «de se projeter à travers leurs enfants. On voit beaucoup de parents qui rêvaient d'être policiers, par exemple, et qui disent à leur enfant: «Je te verrais bien, moi, faire cela» ", évoque Mme Desjardins.

Angoisses diverses

Les cégépiens ont-ils vraiment besoin d'être encadrés à ce point-là? Et qu'est-ce que cette idée d'être angoissé par le cégep?

Manifestement, ils le sont, et pour diverses raisons. «Je suis immigrant, je suis arrivé d'Haïti le 3 avril et je vais assister à l'atelier sur le stress. Ça fait quelques nuits déjà que cette rentrée me fait faire des nuits blanches», raconte Stéphane Jean-Louis, que l'on a rencontré hier.

«Moi, je ne sais pas quoi faire plus tard, et c'est ce qui m'inquiète», explique Mélina Chan.

Pour Hershette Jourdan et Elisa Di Paolo, qui étudieront tout en ayant toutes les deux un boulot qui les occupera en parallèle de 15 à 20 heures par semaine, une même inquiétude: la conciliation de ces deux vies. «Je cherche des trucs pour apprendre à gérer mes horaires», explique Hershette.

«Je veux apprendre à gérer mon stress, confie Elisa. Étudier en sciences de la santé et travailler en même temps, ça ne sera pas facile.»

La rentrée dans les cégeps du Québec s'échelonne sur toute la semaine. D'ici lundi prochain, tout le monde aura repris le collier.

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Qu'en est-il des sans-papiers?

Les enfants de sans-papiers, dont les parents vivent au pays dans la clandestinité, pourront-ils fréquenter l'école à l'automne sans être embêtés?

C'est la question qu'a posée hier le Collectif Éducation sans Frontière.

En juin, Marie Malavoy disait qu'il était «de son devoir, en tant que ministre de l'Éducation, d'agir rapidement pour que, dès la prochaine rentrée, ces enfants soient dans les salles de classe».

Or, deux mois plus tard, le Collectif se demande dans quelle mesure cela va se faire concrètement.

«L'échéance du 28 août approche à grands pas et aucune mesure concrète n'a été communiquée en ce qui concerne le plan d'action du ministère de l'Éducation sur l'accès à l'éducation gratuite des enfants immigrants à statut précaire. Une multitude de questions restent sans réponse», peut-on lire dans une lettre ouverte au gouvernement.

Pourront-ils effectivement s'inscrire comme les autres enfants? La confidentialité de leurs familles sera-t-elle respectée? Les commissions scolaires continueront-elles de réclamer des droits de scolarité?

Telles sont quelques-unes des questions en suspens, selon le regroupement.

Au ministère de l'Éducation, Mathieu Le Blanc assure que la ministre espère toujours que les enfants sans papiers rentreront bel et bien à l'école en août.

La balle est dans le camp des commissions scolaires, dit M. Le Blanc. «Ce sont elles qui sont invitées à entreprendre des démarches en ce sens et qui accueillent les élèves.».

Or, à la Fédération des commissions scolaires du Québec, hier, on nous a renvoyé au Ministère, nous disant que ce dossier était vraiment de son ressort...