Dès la rentrée prochaine, en septembre, des élèves sans-papiers pourront obtenir un code permanent et fréquenter l'école gratuitement. Il reste encore du chemin à faire pour les enfants dont les familles vivent dans la clandestinité.

La ministre de l'Éducation, Marie Malavoy, a été sensibilisée au cours des derniers mois à la question des élèves sans-papiers qui ne peuvent être scolarisés parce qu'ils n'ont pas de statut ni de documents officiels pour s'inscrire. Elle a annoncé de nouvelles mesures, hier, pour les aider.

Dès la prochaine rentrée scolaire, de 250 à 300 enfants devraient donc voir les portes des écoles s'ouvrir à eux. La mesure coûtera 1,6 million au gouvernement.

Ce sera le cas, par exemple, des enfants de travailleurs temporaires dont le permis est échu ou des enfants dont les parents réfugiés ont perdu leur statut. Ils pourront obtenir un code permanent et fréquenter l'école sans frais, le temps que la cause de leurs parents soit entendue par l'Immigration et que leur statut soit régularisé.

Il reste toutefois la question délicate des enfants clandestins. Il s'agit des familles qui ont perdu leur statut, épuisé tous leurs recours et qui vivent dans la clandestinité pour éviter l'expulsion. Bien souvent, ces enfants ne fréquentent pas l'école, craignant d'y être dénoncés.

«Je sais que je ne règle pas tout pour toujours, a déclaré la ministre Malavoy. On va se donner l'année pour suivre tous les cas et pour envisager, s'il y a lieu et dans un autre temps, des modifications réglementaires, administratives ou législatives.»

La ministre s'est dite prête à ouvrir la Loi sur l'instruction publique si cela s'avère nécessaire pour inclure ces enfants clandestins.

Le phénomène des élèves sans-papiers n'est pas nouveau. Au cours des derniers mois, des intervenants du milieu de l'éducation, de la santé et du communautaire ont toutefois interpellé le gouvernement pour faire bouger les choses.

Le président de la Commission scolaire de Montréal, Daniel Duranleau, s'est réjoui de l'annonce. «On trouve une solution intelligente qui nous enlève de l'arbitraire et de la bienveillance», a-t-il souligné. Jusqu'à maintenant, l'accueil des sans-papiers dans les écoles relevait souvent du bon vouloir des directions.

D'autres auraient souhaité que Québec aille plus loin et imite l'Ontario qui applique la politique «don't ask, don't tell», assurant ainsi la confidentialité aux élèves clandestins.

«C'est une bonne nouvelle. Il y a des enfants qui vont pouvoir s'inscrire en septembre, mais ce n'est pas assez», a commenté Judith Rouen, du Collectif Éducation sans frontière, qui souhaite que les autorités publiques s'engagent à ne pas faire de dénonciation.

«Un grand pas est franchi aujourd'hui, mais il reste encore une étape à franchir», a dit le président de la Fédération autonome de l'enseignement, Pierre St-Germain, en souhaitant que Québec imite l'Ontario sur cette question.