Un local héberge une pulperie où les élèves fabriquent du papier recyclé. Les corridors sont embellis de boîtes où poussent de vraies fleurs. Les élèves ont aussi fait des semis destinés au jardin communautaire qui verra le jour dans la cour.

Les projets d'entrepreneuriat sont implantés depuis plusieurs années déjà à l'école primaire Murielle-Dumont, à Pierrefonds. L'école fait maintenant un pas de plus. Avec 11 autres établissements de la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB), elle adopte la philosophie de l'École communautaire entrepreneuriale consciente, un programme officiellement lancé aujourd'hui.

La CSMB est la première commission scolaire du Québec à y adhérer. C'est une philosophie qui teintera toutes les écoles participantes, explique la présidente de la CSMB, Diane Lamarche-Venne.

«On vise à faire en sorte que le jeune se réalise», explique Mme Lamarche-Venne. «C'est incroyable de voir comment un jeune se trouve des ressources quand il a un projet qui le motive, qui l'intéresse. Tous les apprentissages deviennent alors faciles.»

L'École communautaire entrepreneuriale consciente permet aux élèves d'acquérir des notions d'entrepreneuriat tout en leur inculquant aussi une conscience sociale et environnementale. Ce sont les élèves qui deviennent les initiateurs, les gestionnaires et les réalisateurs de leurs projets.

Encore méconnu dans l'ensemble de la province, le programme a vu le jour il y a plus de 10 ans à l'école des Coeurs-Vaillants, à Québec. Son concepteur, Rino Lévesque, y était alors directeur. Depuis, M. Lévesque a été approché par le gouvernement du Nouveau-Brunswick afin de l'implanter dans une centaine d'écoles francophones de cette province.

Il travaille maintenant avec la CSMB. Le Québec a un déficit au niveau de l'entrepreneuriat, rappelle M. Lévesque. Par le programme, les jeunes acquièrent des notions entrepreneuriales de base, mais apprennent surtout à se réaliser.

Motiver les élèves

C'est une façon de combattre le décrochage scolaire et de motiver les élèves, croit-il. «On a besoin d'innover pédagogiquement pour amener une culture nouvelle à l'école où les jeunes vont être amenés à développer leur sens de l'effort.»

À l'école Murielle-Dumont, l'entrepreneuriat est axé sur l'environnement.

Les élèves de maternelle de la classe d'accueil ont ainsi confectionné un «coeur plantable» pour leurs parents à la Saint-Valentin. Ils ont produit du papier recyclé et découpé un coeur parsemé de graines qui donneront des fleurs.

«Pour des enfants qui ont de grandes difficultés à l'école, c'est une façon de réussir quelque chose. Les enfants sont alors fiers d'eux», souligne l'enseignante de la classe d'accueil, Geneviève Guillou.

Lors de notre visite, les élèves de troisième année transplantaient les pousses de poivron et de maïs dans de plus grands pots. Bientôt, ils pourront les planter dans le jardin communautaire.

Ils pensent déjà à ce qu'ils feront de tous ces légumes: les cuisiner et les partager avec des gens dans le besoin.

Autonomie et entraide

«Les élèves deviennent autonomes, ils s'entraident, ils s'organisent. Le but est de sortir de leurs cahiers pour qu'ils manipulent et voient comment ça fonctionne», mentionne l'enseignante de 3e année, Cheryl Clément.

Les projets varient d'une école à l'autre. Une classe a ouvert une friperie. Une autre confectionne des cartes de souhaits. Dans une classe du secondaire, un enseignant de français a même conçu avec ses élèves des applications destinées au iPad qui pourront être utilisées dans les classes d'accueil.