C'est son 50e anniversaire cette année, mais ça risque d'être son dernier. Neuf autres universités claquent la porte de la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ), ce qui signe son arrêt de mort sous sa forme actuelle.

Lors d'une rencontre vendredi dernier, les recteurs et dirigeants de 9 des 10 établissements du réseau de l'Université du Québec ont décidé de se retirer de la CREPUQ. Seule l'UQAM a choisi de poursuivre sa réflexion.

L'Université Laval a déjà annoncé son départ, à la mi-avril. L'Université de Montréal entend se retirer elle aussi. En privé, son recteur, Guy Breton, a confirmé qu'il quittera la CREPUQ au plus tard à la fin octobre, selon des sources.

La CREPUQ perd donc la majorité de ses membres. Elle ne sera plus l'interlocutrice des universités auprès du gouvernement, le rôle qu'elle joue depuis sa fondation, en 1963.

Des sources indiquent que les universités à charte privée (comme Montréal, Laval et McGill) tentent de se regrouper pour défendre leurs intérêts auprès du gouvernement. De leur côté, les établissements du réseau de l'Université du Québec ont déjà leur association, l'Université du Québec (UQ). Ces deux clans sont en conflit depuis quelques mois. Ils ne s'entendent pas sur les droits de scolarité, la révision de la formule de financement des universités et la stratégie à adopter vis-à-vis du gouvernement Marois. La CREPUQ avait du mal à adopter des positions communes dans ce contexte.

La CREPUQ a toujours l'intention de tenir une «journée de réflexion stratégique» sur son avenir le 6 juin. Les recteurs entendent y participer, mais on ne se fait guère d'illusions. Cette rencontre devrait confirmer la fin de la CREPUQ comme représentante de l'ensemble des universités. Les recteurs s'entendraient toutefois pour conserver des services communs, comme l'enrichissement des collections de bibliothèques, ce qui maintiendrait une structure administrative.

De son côté, le gouvernement Marois créera un Conseil national des universités, comme il l'a annoncé à l'issue du Sommet sur l'enseignement supérieur, en février. Ce Conseil devrait hériter de responsabilités actuellement dévolues à la CREPUQ, comme l'évaluation des programmes.

La CREPUQ telle qu'on la connaissait, «c'est fini», a affirmé à La Presse la présidente de l'UQ, Sylvie Beauchamp, hier. «On n'a de reproches à faire à personne. On constate que ça ne marche plus. Le départ de l'Université Laval et de l'Université de Montréal mettait le reste [des universités] en porte-à-faux. On est obligés de se rendre à l'évidence.» Elle a prévenu la présidente de la CREPUQ, Luce Samoisette, que les neuf universités se retireront officiellement au plus tard à la fin octobre - le délai permet de préserver un temps le budget de la CREPUQ. Mais elle lui a demandé de ne plus parler au nom des établissements de l'UQ à partir de maintenant.

«Que l'Université de Montréal s'exprime, c'est parfaitement légitime. Que l'Université Laval s'exprime, c'est parfaitement légitime. Mais je veux avoir la même légitimité», a soutenu Sylvie Beauchamp.

Luce Samoisette, qui est également rectrice de l'Université de Sherbrooke, a décliné une demande d'entrevue.

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Source: Université du Québec